Dofus Livre I Julith

Premier film d’animation fait 100% en région Nord-Pas-de-Calais, Dofus est aussi la consécration d’Ankama, petit studio devenu grand en 15 ans seulement.

 Voilà un film qui ne révolutionnera pas l’animation mais montre qu’il n’est pas besoin d’être parisien ou d’avoir de gros moyens pour créer son univers et réussir dans l’animation et le jeu vidéo. Ankama en est la preuve !

L’aventure commence à Roubaix au début des années 2000 : Anthony Roux alias Tot, issu des Beaux-Arts de Tournai, fonde le studio Ankama et lance le jeu vidéo en ligne Dofus, un jeu ouvert avec un univers riche et coloré, le Krosmoz. Visuellement, l'univers de Dofus est à mi-chemin entre Occident et Orient, Moyen-Age et Antiquité. Bonta, la cité principale, est une cité harmonieuse, représentée dans des couleurs chaudes. Les personnages sont dessinés en 2D dans un style proche des mangas.  Une création conjointe de Tot et de Xavier Houssin DA du studio Ankama depuis 10 ans.

Lancé en 2004, le jeu Dofus est un succès, avec aujourd’hui 1,5 million de joueurs actifs chaque mois ! Suivent les séries d’animation Wakfu (2008) et Aux trésors de Kerubim (2013) diffusées sur France3 et depuis 2014 sur Netflix. Et maintenant, le long métrage d’animation Dofus Livre I: Julith, entièrement réalisé sur place à Roubaix !

Issu des Gobelins, Jean-Jacques Denis travaille avec Ankama depuis 2010 comme storyboarder et a assumé la coréalisation du film Dofus avec Anthony Roux. Il nous a détaillé les méthodes de travail d’Ankama sur ce projet.

Le développement du film a commencé dès 2011, en parallèle de la série Aux trésors de Kerubim. Jean-Jacques Denis a élaboré un pré-story board tandis que Xavier Houssin et son équipe de décorateurs développaient le « concept art » des personnages et décors. Ankama a réussi alors à lever 6M€ pour financer le long métrage Dofus, lequel a été mis en production en 2013. Et le studio Ankama Animations est monté en puissance avec en cumulé 400 personnes dont près de 100 pour l’animation. Les équipes déjà en place pour les séries ont été renforcées d’une quinzaine d’animateurs, et en tout 150 personnes ont travaillé sur le film.

Le pipeline de production, depuis le début du studio, repose sur Flash pour animer les personnages à partir de dessins faits traditionnellement à la palette graphique. Seuls les œufs de dragons, les Dofus sont ici en 3D. Et les décors, réinventés pour le film, ont été travaillés sur Photoshop avant d’être composités. Tout a été produit à Roubaix jure Jean-Jacques Denis, pas de sous-traitance en Chine ou ailleurs.

Le challenge était de garder le style et l’esprit du jeu en passant à l’étape supérieure : le long métrage. Le style d’économies auquel le studio est habitué ne faisant parfois plus l’affaire, il a fallu assurer et « sortir de leur zone de confort ».

Un beau pari, bien réussi : Dofus est un film plaisant qui devrait conforter le futur du Krosmoz aussi bien qu’encourager les vocations de « start-up » en animation et jeu vidéo en Europe !

Paul Schmitt, février 2016