Happy Feet 2

George Miller, oscarisé en 2006 avec le premier Happy Feet, revient avec une suite visuellement impressionnante.

En 2006, l'australien George Miller avait créé la sensation avec Happy Feet, film d'animation et comédie musicale avec pour héros des manchots empereurs faisant des claquettes sur la banquise de l'Antarctique. George Miller, déjà réalisateur reconnu (Babe le Cochon, etc.) s'était appuyé sur un tout jeune studio australien, Animal Logic, pour aller challenger Pixar et Dreamworks sur leur terrain. Mission accomplie: rythme de l'histoire et  qualité de l'animation lui avaient valu l'Oscar du film d'animation et un large succès au box-office mondial ($400 millions...).

Pour réaliser cette suite Happy Feet 2, George Miller n'a pas lésiné sur les moyens. D'abord en créant son propre studio d'animation, Dr. D, à Sydney avec un pipeline de production basé sur Maya. Ensuite en faisant venir comme directeur de l'animation Rob Coleman lui-même, vétéran d'ILM où il a supervisé entre autres l'animation de deux Star Wars, La Menace Fantôme et L'Attaque des Clones.

Côté décors, on nage littéralement dans le grandiose, surtout en version 3D relief:Océan Antarctique  en surface ou en plongée sous les icebergs, banquise et crevasses. Un  réalisme voulu par George Miller : «Que ce soit les stalactites qui gouttent, dans des tons turquoise et bleutés, ou la neige scintillante comme un diamant, la beauté est omniprésente dans Happy Feet 2. » Les effets (neige soulevée par le vent ou les pieds des manchots, vagues et éclaboussures, ) sont particulièrement réussis et contribuent au spectacle.

Pour l'animation, faites confiance à Rob Coleman, aussi bien pour l'animation corporelle et faciale (un bon mix de mouvements naturels et humanisés) que pour faire danser les manchots en hip-hop sans les dénaturer complètement. Les scènes de danse ont fait l'objet d'une chorégraphie précise avec enregistrement des danseurs en motion capture par le studio spécialiste Giant: 60 caméras traquant optiquement les danseurs en temps réel... Après, il a fallu adapter les mouvements humains aux manchots. Rob Coleman s’explique : «On a dû changer la chorégraphie car les manchots ont de toutes petites pattes, et les danseurs, bien évidemment, ont des jambes humaines tout à fait normales. Et, du coup, les genoux nous ont posé problème. C’est ce qui explique que l’éventail des mouvements chez un pingouin soit beaucoup plus restreint que chez les humains. Et non seulement les pingouins ont des pattes très courtes, mais ils n’ont pas d’épaules, et la plupart des mouvements font appel aux jambes et aux épaules. Du coup, tout en restant dans les limites de ce qui est crédible pour le spectateur, nous avons rallongé un tout petit peu la pointe des nageoires pour les besoins des mouvements.». Autre difficulté : «En « tap dancing », on frappe le sol très violemment, mais dans ce cas, il faut faire attention à la hauteur des sauts, ce qui est compliqué chez un manchot car il est très court sur pattes».

L'animation de foules n'est pas en reste: « «Plus de 16 millions de créatures ont été animées par l’équipe Foules pour quelque 600 plans, explique Greg van Borssum, réalisateur Foules, chaque technicien avait donc en charge environ 950 000 acteurs. » Les krills, ces minuscules crevettes vivant en essaims dans l'océan, ont de leur côté posé problème aux animateurs,et pas seulement en raison de leur nombre : 603 000 pour être exact. Des équipements spécifiques permettaient de contrôler minutieusement les 13 rangées de bras et de pattes pour chacun des deux «héros» parmi eux, Will et Bill (Brad Pitt et Matt Damon pour les voix anglaises). Ils ont de plus des yeux ronds avec une vision binoculaire tout en gardant les mouvements des yeux indépendants, un long nez prolongés par deux tentacules-moustraches. Les animer a été un challenge, avec des inputs multiples: 4 « tap dancers » en motion capture pour les mouvements de claquettes des pattes, un animateur pour les bras et la tête, un pour les mouvements généraux du corps (évoluer dans l'eau, etc.).

Un film à aller voir en famille (l'histoire d'un père et de son fils vise les moins de dix ans) et pour le régal des yeux. Et ne ratez pas le court de début de séance: la Warner met en scène Titi et Grosminet en version 3D relief dans I Tawt I taw a Puddy Cat: un bonus en soi tout seul!

Paul Schmitt, décembre 2011