Tom Cruise (re)mis en scène par JJ Abrams

 La quintessence du film d'action hollywoodien est de retour! On vous en démonte ici quelques parti-pris et l'esthétique... Histoire de vous fournir un bon prétexte pour aller le voir?

La série de films n'a plus que de lointains rapports avec la série télévisée et a pris son envol au point de symboliser la machine hollywoodienne. Plus que les « James Bond » au cynisme et à l'humour plutôt British, « Mission Impossible » est foncièrement américain dans ses ingrédients.
D'abord un scénario simple, qui se répète de film en film (au moins du 2 au 3) : le héros doit empêcher le méchant trafiquant de garder le « trésor » dangereux qu'il a volé tout en sauvant la malheureuse otage qui lui est chère... Notons que cette intrigue s'épure encore dans ce troisième volet au profit de l'action : on ne saura même pas dans ce film quelle arme, surnommée « rabbit foot » (patte de lapin), le trafiquant s'apprêtait à revendre avec profit!
Ensuite la mise en avanr du héros, incarné par la star absolue du moment, Tom Cruise. Tel un Hercule moderne, ses exploits remplissent tout le film, et la production (Tom Cruise lui-même et sa comparse Paula Wagner) insistent bien sur les cascades effectuées en grande partie par l'acteur lui-même.
Enfin (et surtout) des scènes d'action époustouflantes dans des décors exotiques de rêve, Rome et Shangaï plus particulièrment ici. Sept grandes séquences étoffent ce film où on appréciera particulièrement la poursuite d'hélicoptères en plein champ d'éoliennes, l'attaque d'un convoi sur le pont enjambant la baie de Chesapeake (près de Washington) et l'offensive de l'agent Ethan Hunt/Tom Cruise sur les toits de Shangaï. Les effets visuels sont signés ILM (entre autres), mais il faudra attendre quelque peu avant que le studio ne soit autorisé à communiquer sur son travail, les communiqués officiels préférant insister sur la performance physique de Tom Cruise dans le film.

Quoi de neuf dans ce « Mission Impossible 3 »?
Le réalisateur bien sûr! A défaut de changer intrigue et acteurs principaux, Tom Cruise varie les points de vue en choisissant à chaque fois un réalisateur dans l'air du temps. Après John Woo en 2000 pour le l'opus 2, voici pour le 3 JJ Abrams, réalisateur des séries bien connues « Lost » et « Alias ». Une reconnaissance du fait que l'innovation en fiction est plus présente à la TV qu'à Hollywood ces temps-ci...
Du coup, changement d'ambiance : John Woo avait privilégié la chorégraphie style kung fu dans les scènes de combat, JJ Abrams aime les cadrages serrés, avec des scènes de combat classiques et des séances de torture filmées avec une insistance proche du sadisme. Le film s'ouvre directement avec une longue scène où le méchant (Philip Seymour Hoffman récemment révélé par le brillant « Truman Capote ») essaie de faire parler Ethan Hunt en menaçant de mort son épouse prisonnière : gros plans sur visages tuméfiés de Ethan Hunt et son épouse, JJ Abrams se déclare lui-même « equal oportunity sadist » (sadique sans discrimination). Le réalisateur innove ainsi en introduisant de l'émotion dans l'action, avec la problématique suivante : peut-on avoir une vie personnelle, une relation amoureuse, quand on est un agent secret de haut niveau?
Tom Cruise se charge de faire la démonstration, mais on a le droit de préférer l'élégance un peu formelle de John Woo. A vous de juger!


Paul Schmitt- 05/2006
Sortie : 3 mai 2006/Coming on May 3, 2006
Réalisateur : JJ Abrams
Production : Cruise/wagner
Producteurs : Tom Cruise et Paula Wagner
Effets visuels : ILM