Un monument d'esthétique orientalisante

Troisième et dernier volet de la trilogie, Prince Of Persia : les deux royaumes est un rendez-vous vidéoludique incontournable. Si sa réalisation a été particulièrement bien soignée par ses auteurs, il renoue surtout avec le charme graphique "oriental" du premier épisode.
L’histoire ramène le prince et Kaileena, sa bien-aimée, à Babylone, qui n’est plus le sanctuaire de paix rêvé par le héros, mais bien le théâtre d’une guerre meurtrière et fratricide. À peine sont-ils arrivés que des évènements inattendus vont séparer les deux tourtereaux. Deux gardes entraînent Kaileena loin de son compagnon échoué aux portes de Babylone. Le vizir, toujours vivant, va sacrifier la belle et libérer de nouveau le maléfice des Sables du temps. Une menace redoutable que le prince devra affronter s’il veut ramener la paix dans son royaume, avant d’être confronté à un ennemi encore plus féroce : son double maléfique.
Au-delà d’une histoire fort bien troussée, la réussite de ce troisième opus de Prince Of Persia est avant tout graphique. Dès les premières images des cinématiques, le ton est donné. La modélisation des personnages, leurs mouvements et les environnements sont particulièrement bien travaillés. Les couleurs sont chaleureuses, judicieusement nuancées, et confèrent une forte identité à chacun des environnements parcourus. Cet aspect réaliste des décors est d'autant plus remarquable qu'il est sublimé par une incroyable gestion de la lumière. Le travail sur les ombres portées permet de souligner les angles et les courbes de chaque construction, pour leur donner une profondeur plus prononcée. La modélisation de ces décors en 3D est caractérisée par des changements de dimension en temps réel. Il n’est pas rare de découvrir de nouvelles aspérités à une corniche ou la partie inexplorée d’une muraille, alors que tout laissait penser que le jeu était à ce moment-là en deux dimensions.
Les points de vue sont multiples et permettent de découvrir, un peu plus à chaque fois, le visage oriental de la ville. Les palais somptueusement décorés contrastent ainsi avec les rues poussiéreuses de la partie basse de Babylone. Chaque lieu a son identité propre, caractérisée par des détails d’une précision quasi machiavélique. L’architecture des bâtiments, la texture de la pierre de chaque muraille et le soin apporté à leurs finitions offrent à la cité de Babylone une véritable identité graphique. Il en émane une atmosphère étonnante, qui se singularise par une exploitation de l’espace hors norme. Pendant les phases de jeux, dès lors que votre personnage bondit, court sur les murs ou passe de toit en toit (on peut carrément survoler certain d’entre eux), les angles de caméra traduisent le gigantisme des décors avec une fluidité remarquable. Plus encore que dans les deux Prince Of Persia précédents, l’immersion du joueur est ici totale.
Un scénario original, une animation sans faille (avec des moments d’anthologie comme la course de char, qui n’est pas sans rappeler un certain Ben-Hur) et une réalisation graphique époustouflante permettent à ce troisième opus de clore avec les honneurs une trilogie qui aura tenu toutes ses promesses.

Cédric Melon - 01/2006
Éditeur : Ubisoft
Développeur : Ubisoft
Genre : Action-Plate Forme
Prix : 49,99 euros
Date de sortie : 1er décembre 2005