Flushed Away

La 3D est partout : même Aardman délaisse l'animation en volume dans ce nouveau film. Mais en gardant quand même son esthétique liée à cette technique de pâte à modeler qui a fait son charme.

Aardman, vous connaissez : entre les Wallace et Gromit et plus récemment Chicken Run (voir articles dans cette rubrique), la réputation du célèbre studio anglais n'est plus à faire. Et pour Souris City (Flushed away en anglais), les voilà associés à Dreamworks Animation dans un « production deal » censé durer trois films. On croirait revivre l'association de Pixar et Disney... Sauf que le succès ne semble pas au rendez-vous : les mauvais résultats au box-office américain ont même fait plonger la cote de Dreamworks en bourse pour cause de révision à la baisse des bénéfices prévus. Pourtant, cette alliance de la 3D à l'américaine et de British Touch ne manque pas de charme, même si cette histoire de souris n'est pas très originale : petit tour d'horizon avant de vous laisser juger par vous-mêmes.

Souris de ville et souris d'égout
Roddy apprécie sa vie dans le quartier aristocratique de Kensington, en plein coeur de Londres. Il appréciera beaucoup moins d'en être littéralement évacué par Sid, un rat venu squatter chez lui. A son tour, Roddy devra s'habituer aux égouts et à la cité des souris qu'ils abritent. Heureusement, Rita, une souris avec un solide bon sens prolétaire, lui viendra en aide. A eux deux, ils déjoueront les plans diaboliques de l'infâme crapaud Toad et de son cousin Le Frog (auquel Jean Reno prête sa voix en anglais comme en français).
Parcours initiatique du héros, au cours duquel il se transforme et découvre l'amour : la trame de l'histoire est ultra-classique. Côté habillage, Aardman a soigné le côté British du film : décors soignés de Londres, et un look à la James Bond aussi bien pour le héros Roddy que pour les scènes d'action et pour Toad, crapaud mégalo qui ne rêve que destruction. Mais ce film, trop riche en personnages et décors pour être réalisé en pâte à modeler, marque aussi l'entrée d'Aardman dans l'animation 3D grâce aux équipes de Dreamworks.

Du volume à la 3D
L'animation en pâte à modeler crée un style, un look particulier qu'Aardman souhaitait conserver même sur ce projet commun avec Dreamworks. L'équipe, composée de gens ayant travaillé dans les deux sociétés, a donc concilié 3D (faite avec Maya) et particularités dues à l'animation en volume pratiquée chez Aardman. La ville des souris dans les égouts a d'abord été créée comme vrai décor à Bristol (siège d'Aardman) avant d'être modélisée chez Dreamworks. Quant aux personnages, la plupart ont un sourcil/arcade frontale unique, malléable à souhait en pâte à modeler les rendre expressifs, mais plus difficilement animable en 3D. Le « rig » lui-même a été simplifié pour les personnages econdaires pour leur garder une rigidité de mouvement proche de l'animation en volume. Et pour l'animation labiale (lipsync), Dreamworks a reproduit en 3D la demi-douzaine de formes de bouches qu'Aardman utilise, mais en y rajoutant des curseurs et des mélangeurs pour pouvoir les travailler à l'ordinateur. Même la simulation de l'eau en 3D a été retravaillée pour avoir l'air moins réelle, pour se rapprocher des gouttes de glycérine qu'on dépose sur la pâte à modeler et qu'on bouge image après image. C'est ce qui caractérise Souris City : un équilibre subtil entre stylisation de la pâte à modeler et réalisme de la 3D.

 

Les visuels de cette page vous montrent aussi en détails les six étapes d'animation des personnages : squelette; squelette avec contrôles pour bouger la bouche et les mains; modèle basse résolution pour animation; les « subskins », cad les NURBS basse résolution attachés au squelette et qui entrainent le modèle haute résolution grâce à un plug-in appelé « shaper »; le modèle haute résolution texturé; et enfin le rendu final avec lumières, etc.

Paul Schmitt - 11/2006
Sortie en salles le 29 novembre 2006. Réalisateurs : David Bowers et Sam Fell. Production : Dreamworks Animation & Aardman Studio