Amnesty International : Russian Dolls
Les Bif et l’agence La Chose signent un film percutant sur les droits de l’homme en Russie pour Amnesty International. Le film est en bas de page, visuels commentés du film et de sa réalisation sont en galerie ci-contre.
Certes ce film, Russian Dolls, est diffusé sur le web depuis cet été. Mais les événements récents, comme le sévère passage à tabac du journaliste Oleg Kachine pour avoir soutenu des écologistes contre la construction d’une autoroute, lui redonne hélas toute son actualité. Les crimes, politiques ou crapuleux, perdurent en Russie et restent trop souvent impunis malgré les déclarations du président russe Medvedev.
Profitant de l’Année de la Russie en 2010, Amnesty International souhaitait prendre la parole afin d'évoquer ce sujet tabou qu'est la question des droits de l'homme en Russie. D’où un brief et un projet de film confié à l’agence La Chose. Axel Didon, un des concepteurs-rédacteurs et DA de La Chose, nous en fait le making-of.
La démarche créative
« Nous avons été briefés par Amnesty international en février 2010. Nous avons eu environ une semaine pour la conception. A l’origine, nous étions trois concepteurs rédacteurs sur le sujet Benjamin Parent, Kevin Colinet et moi même. Dès lors nous avons surtout travaillé sur un message global qui pourrait s'appliquer à tous les sujets évoqués. Assez rapidement, nous avons opté pour cette signature : « Ne laissons pas le charme de la Russie nous faire oublier ses atrocités ».
Cette signature illustrait de manière explicite l'adage "Ne vous fiez pas aux apparences".
Une fois ce message défini, nous avons cherché tous les symboles russes que l'on pouvait détourner.
Si les poupées russes semblaient être un choix facile, ce qui nous a particulièrement intéressé, c'est la justesse qu'elles pouvaient apporter à notre discours.
Elles permettaient de traiter une partie des différents sujets évoqués de manière assez graphique.
Mais la mécanique des poupées russes nous a également beaucoup plu. En effet, lorsqu’on met en scène des poupées russes, on a plutôt l’habitude de les ouvrir dans cet ordre : de la plus grande à la plus petite, et non l’inverse.
Pour le film on aurait pu montrer d’abord la plus belle poupée et finir par la poupée assassinée, mais on aurait perdu en force.
Alors que la poupée russe s’impose comme une métaphore, nous avons donc voulu montrer les coulisses d’un pays riche culturellement mais qui tend à occulter ses travers. »
Le projet prend corps avec Amnesty International
« A l’origine, Amnesty était venu vers nous pour mettre au point un événement. Notre chef de projet leur a soumis l’idée d’un film pour renforcer la campagne mi-février. Puis il y a eu une période de réflexion chez Amnesty d'environ 2 mois. En effet, il fallait réfléchir à la faisabilité du projet notamment vis à vis du budget.
Une fois le film des poupées présenté, on a attendu quelque temps avant que l’idée soit validée. Amnesty voulait s’assurer que l’on traite suffisamment les sujets liés à la Russie.
Au final, le film est resté parfaitement fidèle au concept de départ. Autant dire que c’est chose rare en publicité, surtout pour l’un de nos premiers films. »
La production
« Pour ce qui est de la production, nous avons eu la chance de pouvoir travailler avec Rods Production. Rods a été récemment créé par Thierry Poiraud, qui a entre autres réalisé le long métrage Atomik Circus et à tourné de nombreux spots publicitaires. En tant que réalisateur de pubs et de clips, il est parmi les plus demandés à l'heure actuelle.
Ce film Russian Dolls pour Amnesty a été l'un des premiers projets de Rods Film.
Ils nous ont alors présenté les Bif pour la réalisation. Les Bif sont un jeune collectif français composé de François, Jules et Fabrice. Ils sont actuellement basés chez The Mill à Londres. De manière non-objective, je dirais qu'ils sont particulièrement brillants, que ce soit en 3D, graphisme, réalisation ou post prod. D'ailleurs, je sais que chez The Mill, ils ont carte blanche pour leurs projets. En plus d’être talentueux, ils ont particulièrement compris le ton et l’univers que l’on voulait donner au film. Nous cherchions vraiment à dégager cette ambiance un peu dérangeante d’atelier macabre. D’autant plus que l’effet est renforcée par la bande son.
Nous avons commencé a travailler ensemble en avril. Pendant un mois ils sont revenus vers nous pour nous présenter leurs intentions de tournage ainsi que le model making des poupées. Le tournage a eu lieu en studio le 19 mai, en utilisant un Canon EOS 5D. Cela a pris une journée entière.Le montage a pris une dizaine de jours, quant au sound design cela a duré 3 jours.
Au final, tout est allé très vite car nous partagions tous la même vision du film fini. »
Clémentine Gaspard, novembre 2010
CREDIT FILM :
Agence : La Chose, Paris
Directeur de création : Pascal Grégoire
Concepteurs-rédacteurs : Axel Didon, Kevin Colinet, Benjamin Parent
Directeurs artistiques : Axel Didon, Kevin Colinet
Production : Rods Films
Réalisation: Bif
Montage & postprod : Bif