Les Enfants de Timpelbach

Un premier long métrage qui se distingue surtout par un univers original et une lumière particulière, il fallait oser. Le réalisateur Nicolas Bary revient pour nous sur son projet.

Les Enfants de Timpelbach sont tirés d'un classique de la littérature enfantine de Henry Winterfeld. Synopsis : excédés par leurs enfants turbulents, les adultes du village Timpelbach décident de les laisser une journée seuls, sans les prévenir, pour leur donner une bonne leçon. Mais leur absence se prolonge de façon imprévue, et deux clans d'enfants se disputent bientôt le contrôle du village. L'adaptation filmique d'une telle histoire ne va pas forcément de soi, et le réalisateur Nicolas Bary, qui porte ce projet depuis 7 ans, a choisi d'en faire un univers original, à mi-chemin entre le conte de Grimm et la Guerre des Boutons. Décors et effets visuels ont été soignés avec l'aide du superviseur François Dumoulin et du studio La Maison, déjà à l'oeuvre sur Judas, précédent court métrage de Nicolas Bary. Et malgré quelques faiblesses de scénario (sur la fin du film en particulier), le public français semble accrocher et le film a déjà dépassé début 2009 les 500 000 spectateurs. Pas encore un blockbuster, mais un début prometteur, et de quoi lancer une carrière de réalisateur. Nicolas Bary, dont vous pouvez découvrir la bio en légende de sa photo ci-contre,  revient pour nous sur la genèse de ce film.

Pixelcreation : Quand avez-vous conçu ce projet?
Nicolas Bary : Je développe Les Enfants de Timpelbach depuis 7 ans, en parallèle de mon travail sur des spots de pub  ou d'assistant réalisateur sur des longs métrages. Nous avons travaillé sur le côté visuel avec les graphistes Gilles Pointeau et Laurent Kim; Laurent en particulier a designé les personnages et fait un storyboard, tandis que j'écrivais le scénario. Au bout de deux ans, nous avons finalisé un premier dossier, relié cuir et tiré en 20 exemplaires, que nous avons distribué à des partenaires potentiels. J'ai eu la chance de recontrer Dimitri Rassam et Thomas Langmann à La Petite Reine (ndlr : coproducteur notamment du dernier Astérix aux Jeux Olympiques), où ils ont produit mon court métrage Judas (début 2005) avant que Dimitri ne fonde sa société de production Chapter 2 qui a développé et produit Les Enfants de Timpelbach. J'ai réécrit le scénario avec Nicolas Peufaillit, et nous avons refait un dossier complet, dessins inclus, avec deux storyboarders, en 2006. Carole Bouquet ainsi que Gérard Depardieu ont accepté de participer au fil, et Pathé a accepté de financer le projet pour 3M€ en octobre 2006, suivi de M6 (1,9M€) et Canal+ (2,5M€) ainsi que d'autres coproducteurs belges et luxembourgeois. Onyx Films a assuré la production exécutive.Au total, le budget de production s'est élevé à 13M€.

Pixelcreation : Vous avez ainsi pu passer au tournage lui-même...
Nicolas Bary : Ce tournage a eu lieu pendant l'hiver 2007/08 moitié en Belgique, moitié au Luxembourg, accords de coproduction obligent.Cela devait durer 10 semaines, mais la difficulté de tourner avec beaucoup d'enfants a prolongé cela à plus de 11 semaines...
Les Enfants de Timpelbach est un univers très visuel avec beaucoup de VFX. J'ai donc opté pour un cadrage serré la plupart du temps pour recentrer l'action sur les enfants, pour que cet univers ne passe pas trop avant l'histoire et les personnages..
Nous avons utilisé deux caméras 35 mm avec une focale un peu longue. J'ai tourné de façon instinctive, parfois improvisée avec le story board en soutien plutôt qu'en contrainte. Souvent la caméra continuait à tourner pendant mes corrections avec les acteurs, pour gagner du temps sur la remise en route. Par exemple, la scène de saccage à l'école a été tournée plusieurs fois, chaque fois en centrant sur un enfant différent, et nous avons enchainé automatiquement sur la scène où ils découvrent le boudoir de leur maîtresse. Une deuxième équipe a fimé les matériaux pour les VFX ainsi que des scènes de ratrappage. Nous avons utilisé une pellicule avec 3 perforations; j'ai réfléchi au départ à tourner en numérique, mais il y avait beaucoup de scènes d'extérieur.

Pixelcreation : Et pour le travail de postproduction?
Nicolas Bary : Nous sommes allés faire un étalonnage numérique complet en Belgique pour éclairer les visages et les remodeler par rapport au fond. La lumière grise d'hiver nous a de ce côté été plus favorable qu'une lumière directe d'été, elle a fait mieux ressortir les enfants. Je voulais que ce film soit patiné, que cela fasse brut plutôt que dessiné. On y a gagné en spontanéité, en énergie.
Nous avions 100 heures de rushes (130km!), montés par Véronique Lange, avec un prémixage au Luxembourg et le mixage en Belgique.

Pixelcreation : Et vous avez déjà d'autres projets?
Nicolas Bary : Oui, nous en avons même signé deux! D'abord Soda, d'après la BD de Philippe Tom chez Dupuis, sur un flic à New York qui mène une double vie; ce film devrait sortir en 2010. Et puis un jeu vidéo, avec des comédiens réels et des décors 3D en postproduction, un peu comme le film 300, qui devrait être fait après Soda.

Paul Schmitt, décembre 2008