Stanley Kubrick

Une exposition conçue par ses proches pour mieux faire comprendre les intentions narratives et techniques de Stanley Kubrick

Admiré et critiqué, Stanley Kubrick a marqué le cinéma comme peu d’autres réalisateurs. Il a su en son temps anticiper de nombreux mouvements d’opinion : antimilitarisme, méfiance vis-à-vis des politiques, montée de  l’érotisme et la violence. Et le public ne s’y  est pas trompé : chacun de ses films créait l’événement, attirait les foules mais divisait la critique.
 

Lent, méthodique, perfectionniste, autoritaire par peur de perdre sa liberté créative, il voulait non pas juste faire des films, mais imposer sa vision comme ses prédécesseurs favoris Ingmar Bergman, Federico Fellini  et Vittorio de Sica. Reconnu aujourd’hui unanimement comme un des plus grands metteurs en scène de l’histoire du cinéma, son oeuvre ne cesse de fasciner par la variété de son inspiration, la profondeur de son propos, la force de ses images. Pour les réalisateurs américains venus après lui, il est un modèle face au système. Il a pu en effet joindre le succès commercial à l’ambition artistique, et surtout travailler en toute liberté et en toute indépendance avec le soutien logistique et financier de la Warner Bros pendant les trente dernières années de sa vie.

Chacun de ses films témoigne d’une audace formelle, d’une réflexion complexe tout en s’inscrivant dans un genre reconnu qu’il s’ingéniait à renouveler et à subvertir : le film de guerre (Les Sentiers de la gloire, Full Metal Jacket), de science-fiction (2001,L’Odyssée de l’espace), d’horreur (Shining), la fable politique (Dr. Folamour, Orange mécanique), le  film en costumes (Barry Lyndon), l’histoire d’amour fou (Lolita), le polar (L’Ultime Razzia). Son dernier film Eyes Wide Shut, qu'il n'a pu achever lui-même, désoriente sans doute encore plus mais se révèle son oeuvre la plus intime, échappant à toutes les catégories.

L’exposition à la Cinémathèque de Paris

On avait découvert les talents de photographe du jeune Kubrick lors d’une exposition parallèle au dernier festival de Venise (voir ici). Les travaux cinématographiques de Stanley Kubrick, y compris ses projets inachevés, font maintenant l’objet d’une exposition majeure  à la Cinémathèque de Paris  jusqu’au 31 juillet 2011.

Cette exposition a été initialement créée par le Deutsches Filmmuseum à Francfort en 2004, en étroite coopération avec sa veuve Christiane Kubrick, son beau-frère et producteur Jan Harlan et The Stanley Kubrick Archive at the University of the Arts London. Elle a déjà connu un immense succès public dans plusieurs villes à travers le monde : Berlin en 2005, Melbourne en 2006, Gand en 2006-2007, Zurich en 2007, et Rome en 2007-2008. Le fonds du Stanley Kubrick Archive renferme de nombreux et précieux documents sur le travail préparatoire du réalisateur : scénarios, correspondances, documents de recherche, photographies de tournage, costumes et accessoires, ainsi qu’une minutieuse documentation sur les projets non réalisés, et par ailleurs cultes, comme son Napoléon (1968-1973). L’exposition est aussi l’occasion d’entrer dans l’envers du décor et de comprendre les inventions techniques de Kubrick (le slit-scan par exemple). Les effets spéciaux y sont explicités au moyen de maquettes à grande échelle et d’installations numériques interactives.

Une série d’événements autour de Stanley Kubrick accompagnent cette exposition : rétrospective des films de Stanley Kubrick à la Cinémathèque du 25 mars au 25 mai et en salles à partir du 1er juin, sortie d’une intégrale de ses films en 19 DVD, et même projection d’une version numérique  restaurée d’Orange mécanique au festival de Cannes. Une occasion rêvée de (re)plonger  dans une série de chefs d’oeuvre.

Paul Schmitt, avril 2011


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