Sur le Chemin de l'école

Quatre enfants qui se battent pour aller à l’école : une aventure humaine racontée en images simples et fortes.

Voilà un film qui ne laisse pas indifférent. Les images superbes d’enfants traversant des paysages grandioses pour se rendre à l’école y sont pour beaucoup. Et les histoires de Jackson et sa sœur Salomé courant à travers la savane du Kenya  pour échapper aux éléphants parfois agressifs, ou de Samuel dans son fauteuil d’handicapé tracté à travers le sable par ses petits frères en Inde du sud sont bouleversantes. Mais Sur le chemin de l’école est surtout une leçon de vie où dominent volonté et espoir. De quoi remettre bien des choses en perspective pour nous autres occidentaux, souvent plus enclins à nous plaindre qu’à forcer le destin, comme l’ont expliqué le réalisateur Pascal Plisson et le producteur Barthélémy Fougéa lors de la projection du film.

Concept et genèse
Pascal Plisson : L’idée m’est venue lors d’un repérage au Kenya pour un autre film, un documentaire animalier. On a vu soudain 3 silhouettes d’écoliers Massaï avec un petit sac contenant ardoise et craie et faisant route vers l’école avec fierté. J’ai immédiatement eu l’idée d’un film sur ce sujet, montrant 4 ou 5 enfants entre 9 et 12 ans bravant difficultés et dangers pour aller à l’école, et j’en ai parlé à Barthélémy.

Barthélémy Fougéa : Jean-François Camilleri, président de Walt Disney Company en France, nous a très vite donné son soutien. La phase de recherche a ensuite duré 6 mois, avec l’appui de l’Unesco. en contactant des journalistes et des réseaux associatifs à travers le monde. Une soixantaine d’histoires nous sont remontées. Nous avons vite retenu le cas de Jackson au Kenya ou de Samuel en Inde, repéré grâce à un article dans un journal local. Nous avions aussi prévu une histoire en Chine, mais les autorités locales ne voulaient pas reconnaître que l’accès à l’école peut poser problème chez eux, nous avons donc abandonné. Une fois retenue l’histoire de Zahira dans les montagnes de l’Atlas au Maroc, nous avons choisi l’histoire de Carlito en Argentine à la fois pour changer de moyen de transport (le cheval) et pour varier le challenge. Pour l’anecdote, Carlito initialement ne voulait pas faire le film parce que cela allait lui faire manquer l’école ! Sa directrice d’école lui a alors demandé de le faire pour expliquer à sa classe comment on fait un film, ce qui a emporté son accord.
 

Tournage de Sur le Chemin de l’école
Barthélémy Fougéa : Nous disposions d’un budget de 2,2 millions d’euros. Une équipe de 3 personnes seulement - réalisateur, chef opérateur et ingénieur du son – s’est rendue sur place pour chaque tournage, avec un appui logistique dans chaque pays. L’idée était de filmer chaque enfant de la veille du départ, pour situer sa vie familiale, jusqu’à l’arrivée à l’école.

Pascal Plisson : En matériel nous avons utilisé une caméra Sony F3 avec plusieurs optiques et un recorder 2K d’Aja. J’ai fait des repérages en faisant plusieurs fois leur trajet avec chaque enfant, pour anticiper les endroits où se placer pour tourner. Nous avons effectué 12 jours de tournage avec chaque enfant. Avec bien sûr des moments inattendus, comme les girafes qui surgissent au milieu de la savane et que nous avons à peine eu le temps de filmer. Au Kenya, nous avons monté un camp au milieu de nulle part parce que la première ville était à plus d’une heure de voiture. On a campé en brousse avec sept rangers pour nous protéger des animaux et des brigands. Ce sont des endroits réellement dangereux, et on voit dans le film le danger que peuvent représenter les éléphants, qui tuent une demi-douzaine d’enfants chaque année. Par contre, on n’y voit pas de bande armée car nous n’en avons pas rencontré pendant le tournage. Mais ce danger est lui-aussi réel.
C’est un documentaire, pas un film joué par des acteurs, nous n’avons demandé qu’une chose aux enfants : ne pas regarder la caméra. Et nous ne leur avons pas montré leurs images pendant le tournage pour ne pas les perturber.

Barthélémy Fougéa : Après le tournage qui a duré de février à octobre 2012, nous avons monté les rushes - environ huit à neuf heures pour chaque histoire - et nous sommes faits traduire les conversations des enfants. Et nous y avons découvert tant de richesse que nous avons abandonné l’idée de voix off dans le film : les enfants commentent eux-mêmes leurs aventures.

Le film et ses suites
Barthélémy Fougéa : Après exploitation en salles de cinéma, Sur le Chemin de l’école passera sur Orange Cinéma Services et puis sur France 5. Et nous réfléchissons avec France 5 sur une suite sous forme de série : 26’ par épisode, un enfant, une école. Nous voulons aussi montrer le film là où il a été tourné.

Pascal Plisson
: Les enfants ne sont pas des acteurs, et nous ne les avons pas directement rémunérés. Mais nous voulons les aider sous d’autres formes, eux et leurs écoles. J’ai changé Jackson d’école pour qu’il apprenne mieux. Je lui ai trouvé un parrain qui s’occupe de sa scolarité et de celle de sa sœur parce qu’il n’était pas question de les séparer. J’ai trouvé aussi un parrain à Samuel, qui leur construit une maison. Je le suis médicalement, on lui a trouvé un vrai fauteuil… Les besoins de Carlito et de Zahira sont différents, et nous avons travaillé avec les écoles ou les associations qui les appuient.

Le mot de la fin par Pascal Plisson
On dit qu’il n’y a pas de meilleur outil que l’éducation pour fabriquer le futur. Sur le Chemin de l’école s’en veut une démonstration.

Paul Schmitt, septembre 2013