Né en 1956 à Santiago du Chili. Vit et travaille à New York.
Alfredo Jaar semble être un invité sur mesure pour Arles. Une grande partie de son travail consiste à interroger la photographie dans son rôle de témoin journalistique prétendument objectif. À travers des installations, des projections,l’accumulation de documents qui convergent vers un message que le visiteur découvre progressivement, physiquement souvent, Alfredo Jaar bouscule nos éventuelles certitudes sur la vérité de l’image, les bonnes intentions de la presse,le point de vue occidental sur les événements. Ses obsessions sont celles d’un chilien, fortement imprégné de culture française, dont la famille a été poussée à l’exil par la dictature, et qui regarde désormais le monde depuis New York. Dès les années 80 Il a très consciemment voulu être l’artiste qui ramènerait les convulsions de l’hémisphère sud au centre de l’art contemporain, alors plus préoccupé par son auto-narration et par le « street art », et de moins en moins tourné vers la solidarité internationale qui avait animé les années d’après guerre. Architecte, il maitrise l’espace et entraine le visiteur dans de brèves performances dont il devient acteur. Alfredo Jaar nous piège souvent dans un flagrant délit de perception trop superficielle des images. Pour les Rencontres nous avons voulu rassembler les pièces les plus importantes dialoguant avec la photographie. Elles évoquent la dictature chilienne, le rapport de la presse américaine à l’Afrique, le génocide rwandais, la traque de Ben Laden, des héroïnes des Droits de l’homme… Un tel ensemble d’oeuvres d’Alfredo Jaar est une première en France et elle occupe toute l’église des frères Prêcheurs.
François Hébel