
Né en 1948 à Tokyo. Vit et travaille à Tokyo et New York.
« Longtemps, j’ai aimé grimper sur des falaises et observer l’horizon, là où la mer rencontre le ciel. L’horizon n’est pas une ligne droite, mais un segment d’un grand arc. Un jour, alors que je me trouvais seul au sommet d’une île isolée dans des mers lointaines, l’horizon englobait tout mon champ de vision et j’ai eu un court instant l’impression de flotter audessus d’un vide incommensurable. […] Dans mes rêves d’enfant, je flottais souvent dans les airs. Parfois, je quittais moncorps pour l’observer pendant mon sommeil, depuis un point en hauteur près du plafond. Comme une projection astrale, peut-être, un moi éveillé coexistait simultanément avec un moi endormi. Même adulte, je m’imagine souvent lévitant dans les airs. Faut-il voir là la source de mon inspiration artistique ? […] j’ai le sentiment que nous abordons une époque où la religion et l’art vont une fois de plus jeter le doute sur la science, ou alors une époque où les choses admises dans un contexte scientifique vont devoir s’incliner face au jugement religieux. À la fin du printemps 1982, je me trouvais sur un promontoire en Terre-Neuve à admirer un superbe coucher de soleil qui coïncidait avec l’ascension d’une pleine lune dans le ciel oriental. […] Pour la première fois depuis des années, je me sentais dépassé par une expérience extrasensorielle. J’étais à des lieues de la surface de la terre, et j’observais la Lune suspendue au-dessus de la mer, tandis qu’un autre moi – un point minuscule – demeurait envoûté sur place. »
Extrait du texte de Hiroshi Sugimoto.