
Vingt-cinq ans d’une histoire orgiaque et chaotique : de 1960 à 1985, Hara Kiri, journal « bête et méchant » a attaqué la société française à la grenade de l’humour, de la provocation et du détournement. Pourtant, si Hara Kiri a révélé trois générations de dessinateurs, on occulte trop souvent la place remarquable de la photographie dans son succès et sa postérité. De cette épopée bruyante et grandiose, nous avons retrouvé de nombreux intervenants : les photographes encore vivants, celles et ceux qui ont posé devant l’objectif, des photos originales retouchées (à la gouache puis à l’aérographe), des tirages pour la photogravure, des cartes postales et objets promotionnels… Au-delà du « bête et méchant » un peu réducteur, de la scatologie, de la brutalité graphique et de la dérision totale, ces images, sorties de leur environnement éditorial, évoquent un surréalisme quotidien, une poésie saugrenue proche de la performance, dans une société française en pleine mutation.
Thomas Mailaender et Marc Bruckert