Originaire de Beaune, Sophie Cuffia, 23 ans, vit à Paris. Diplômée de l’École Nationale Supérieure Louis-Lumière en section photographie, elle poursuit ses études en 1re année de Master en Arts Plastiques, spécialité photographie et art contemporain à Paris 8.
Les images de Sophie Cuffia, issues de deux séries de photos « Stop » et « Le lac », pourraient d’emblée laisser le regardeur perplexe. Celui qui ne connaît pas ce petit village de la Côte d’or, là où est née et se déroula l’enfance de l’auteur. Lieu de la prise de vue, ce monde d’avant, de la ruralité, est celui du souvenir, de la quête de l’auteur. Le mot est bien choisi puisque ce travail photographique, à l’ancienne - c’est à dire en argentique avec un choix de pellicule à la sensibilité aussi élevée que celle du photographe, avec un grain très présent - baigné de poésie, quant à l’atmosphère, a beaucoup à voir avec la littérature.
Il ne se passe rien et d’ailleurs il n’y a aucune présence humaine ! Le quotidien cache bien son jeu… La banalité sert la subtilité du propos : un retour à « l’essence de notre cheminement dans le monde grâce aux phénomènes quotidiens, ordinaires ». Sophie invoque ici l’écrivain Georges Pérec et son travail sur « l’infra-ordinaire ». L’extra-ordinaire est de découvrir, lorsque l’on prend la peine de plonger dans ces images, que certains détails soudain déclenchent l’imaginaire. « Le chien qui nous affronte, la fumée des pots d’échappements, le brouillard, une barre supposée bloquer un passage » souligne Sophie, « la bouche d’incendie est le sujet de l’histoire ».
Ce travail émouvant cultive le « langage vernaculaire » défini par Guido Guidi. Sophie Cuffia arrache avec délicatesse ses racines et laisse pousser son talent auprès de sa famille artistique, les photographes qu’elle cite en référence : Jean-Louis Garnell, Nigel Shafran ou Doug Dubois.