
Après une expérience de 10 ans dans un laboratoire photo, Alexandra Laffitte, 33 ans, originaire de Toulouse, a repris ses études en 2012 à l’EFET Paris, et a obtenu son diplôme en 2015.
Alexandra Laffitte, en photographiant la nudité, masculine en l’occurrence, révèle ce, qu’habillé, nous ne voulons pas laisser apparaître. Un regard différent sur le corps : ouvrir l’enveloppe, la peau, pour, en l’habillant de peinture, tenter de lire une lettre, entre confession et reconnaissance. Dualité et fatalité de la condition parfois inhumaine. Ses oeuvres reflètent le caractère équivoque de chacun d'entre nous, pas seulement en termes de « genre » et de sexualité, mais aussi sur le plan de l'ambiguïté des actes, des désirs, des pulsions. Dans la série « Ombrage », « j’intègre nos ressentis, regrets, échecs, notre côté obscur » explique l’artiste.
La lauréate montre ici une parfaite maîtrise technique utilisant généralement le numérique. Le cadrage choisi, portraits en gros plan ou plan poitrine mais aussi la gestuelle qu’elle qualifie « d’anormale », évoque parfois la statuaire académique et l’art tribal, mais la réalisation de l’image est d’une modernité totale. Body painting sans motifs ni couleurs, épurée tout en élégance, avec cette peinture noire, luisante, sur peau blanche et presque diaphane, accentuation du contraste, et références, clairement montrées, au corps comme œuvre d’art. Un rien « mode », ce travail fait en studio relève de la photographie haut de gamme, léchée, posée, presque de la publicité. Mais le « message » ici est essentiel, fondamental. L’homme est un produit de la société, produit fait de multiples entreprises : famille, éducation, (pré) destination… Alexandra Laffitte propose un travail à fleur de peau qui nous atteint au plus profond !
Sa relation au papier ? "Le support papier est la récompense finale, la photographie est complète sous toutes ses formes."