
Jorge López Muñoz, 40 ans, originaire de Valence, a repris ses études il y a quatre ans en photographie. Il vient d’être diplômé de l’Escuela de Arte y Superior de Diseño de Valence en Espagne, en spécialité Photographie Artistique, et a depuis quelques années participé à des expositions collectives et remporté plusieurs bourses et prix artistiques.
« Conciliant la photographie documentaire et le portrait » comme il le définit simplement, le projet de Jorge López Muñoz est un travail qui allie humanisme et esthétisme. Un témoignage sur les conditions de vie, pour ne pas dire de survie, d’une population laissée pour compte, saisie à vif dans la nasse d’El Clot. « El Clot est un quartier qui tend à disparaître », explique le photographe, « les habitants sont majoritairement gitans et occupent des appartements situés dans des immeubles abandonnés ». Sans abris, sans considération, les seules relevant, bien sûr, de l’ostracisme, de l’urbanisme, de la politique.
Dans cette série très dynamique, Jorge López Muñoz pose un regard tendre sur ceux qui ne sont jamais regardés que comme des gens « à part ». Ils ne sont pas des modèles mais des personnalités. Voilà donc un travail sur l’identité d’un peuple et sa dignité. Les visages sont expressifs, les yeux racontent tout. Le travail fait sur la couleur, éclatante mais jamais artificielle, ne magnifie pas ces hommes et ces femmes, leur portrait est une image de la fierté, un témoignage de respect. En somme, le photographe a bien atteint son but : « j’ai cherché à faire un portrait infaillible mais intime, direct mais sensible, objectivement puissant mais regorgeant d’émotions personnelles : le produit d’un engagement d’un peuple et son environnement. » La série s’attache à présenter un monde populaire mais sans misérabilisme, le bidonville s’efface, le bonheur irradie, l’espoir est là, jamais le malheur, ni même la douleur, ne sont mis en avant. Axée sur le quotidien des gitans, l’œuvre de Jorge López Muñoz est audacieuse et originale, son regard est unique.
Sa relation au papier ? "Je conçois l’entité de l’oeuvre photographique une fois seulement qu’elle est finie, que ce soit sous forme d’impression pour une exposition, soit sous un format de « photo-livre ». Il est impératif de déterminer la couleur, la texture… car c’est cela qui détermine le résultat final."