
Robert Massin s’inscrit dans le sillage de Pierre Faucheux, avec qui il débute au Club du livre Français, avant de prendre la direction artistique du Club du meilleur livre. En 1958, il devient le directeur artistique de Gallimard. Parallèlement, il conçoit des projets personnels autour de la typographie expressive qu’il expérimente dans des interprétations graphiques et typographiques de pièces de théâtre.
En 1964, avec l’édition de La Cantatrice Chauve, il se pose en interprète et metteur en page de la pièce d’Eugène Ionesco qu’il voit plus de vingt fois au théâtre de la Huchette, à Paris, dans la mise en scène de N. Bataille. Pour retranscrire dans sa mise en page la diction des acteurs, leurs intonations et leur silence, il enregistre la pièce. Les doubles pages du livre sont traitées comme un espace scénique qui s’anime par des jeux typographiques, des bulles de texte, et des photographies d’H. Cohen. Chaque personnage est associé à une photographie (celle des comédiens) et à un caractère typographique qui subit des variations selon le ton, la diction de la voix. La mise en scène de Bataille est respectée : la typographie se déplace sur la page à l’instar des déplacements des comédiens sur le plateau, la respiration du texte est transcrite par le blanc des pages, les pages deviennent noires quand la lumière s’éteint.