
La frontière entre les différents médiums (peinture, sculpture et dessin) est abolie : Lionel Sabatté les investit de manière à les rendre poreux et complémentaires. Utilisant là aussi les matériaux résiduels, les dessins de Lionel Sabatté comportent des silhouettes d’homme faites de poussière, des petits oiseaux des îles réalisés à partir de fer et de bronze oxydés ou encore des échafaudages aux formes humaines ou animales, faites de béton et poussière sur papier. Son travail de peinture a lui aussi un rapport avec la dimension mémorielle de la matière. Partant du fait que la peinture (acrylique) qu’il utilise est un dérivé du pétrole, ses toiles sont faites d’une matière vieille de plusieurs millions d’années, provenant de la longue décomposition d’organismes marins accumulés dans les bassins sédimentaires. Les mondes qu’il fait alors émerger sur ses toiles, évoquant des profondeurs abyssales, parfois des espèces éteintes, s’apparentent à des cartographies imaginaires d’une matière vivante en devenir. Rappelant notamment le bestiaire de l’art pariétal, les créatures de Lionel Sabatté rapportent la dimension tant narrative des matériaux : elles racontent l’histoire du parcours, accidenté puis réparé, de la matière constitutive de notre monde.
Lionel Sabatté, né en 1975 à Toulouse, vit et travaille à Paris et est diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2003