Au milieu des années 90, alors qu’en Europe on commence à s’ouvrir aux mangas grâce à quelques pionniers, Jirô Taniguchi fera partie de la première vague d’auteursjaponais choisis par Jean-Paul Mougin, le fondateur d’(À Suivre), pour figurer au sommaire e la collection «Mangas » que lancent les éditions Casterman. C’est la parution de L’Homme qui marche, livre fondateurde la carrière européenne de Taniguchi.
D’emblée, c’est presque à rebours de son parcours de dessinateur que les lecteurs occidentaux découvrent Jirô Taniguchi. Les oeuvres de la maturité artistique et créatrice,de l’introspection, de l’humanisme intimiste et contemplatif commme Le Journal de mon père ou Quartier lointain seront en effet les premières à être adoptées par les publics européens. Et ce n’est qu’ensuite, au fil des nombreuses traductions rogressivement proposées par divers éditeurs (Kana, brièvement Panini ou Le Seuil), qu’on découvrira l’autre facette majeure e son talent : l’action, le mouvement, l’énergie. Au travers de ces oeuvres d’une foisonnante diversité (l’alpinisme avec Le Sommet des dieux, l’aventure et les grands espaces avec L’Homme de la toundra, l’histoire mouvementée du Japon médiéval avec Kaze No Shô, le polar avec Trouble is my business), parfois historiquement antérieures aux réalisations plus « littéraires » du mangaka, on comprendra que Jirô Taniguchi est non seulement un auteur d’une grande sensibilité, mais aussi un maître dessinateur, capable de tout aborder avecle même appétit, la même exigence, la même réussite.