Ancienne élève des Gobelins, très exactement de la deuxième promotion de la formation en animation, Hélène Beau a ensuite travaillé pendant une quinzaine d'années sur des séries et des pilotes et occupé pratiquement tous les postes : story-board, lay-out, animation et production. Une connaissance complète de la chaîne professionnelle qu'elle met aujourd'hui au service du projet pédagogique de l'école.
Le département du Cinéma d'animation des Gobelins bénéficie d'une excellente réputation et attire près de 800 candidats chaque année, pour seulement 25 places.
Nous avons interrogé Hélène Beau sur le concours d'entrée et ses modalités.
> niveau en dessin
> dossier graphique
> épreuves du concours
> quelques conseils
Quelles qualités faut-il posséder pour figurer parmi les heureux élus du département d'Animation ?
Hélène Beau : "En plus des deux conditions préalables : être bachelier et âgé de moins de 26 ans, la qualité essentielle est de posséder un très bon niveau de dessin.
Cela recouvre beaucoup de qualités : dessin à main levée, en volume, en perspective, dessin "rough" et "clean". Il faut pouvoir faire des croquis à main levée très enlevés avec un trait dynamique et en même temps, être capable d'obtenir un dessin très propre (qualités qui ne sont pas toujours réunies). Il faut aussi savoir s'adapter à différents styles de dessin, car souvent le dessinateur d'animation dessine à partir de modèles imposés, soit dans un style cartoon, soit réaliste.
En animation, il s'agit de donner la vie à des personnages ou des objets de toutes sortes. Il faut donc possèder un grand sens de l'observation et du mouvement.
Précisons que ce sont surtout les talents de dessinateur qui sont recherchés. Car toutes les phases de story-board et de lay-out se font en noir et blanc. Cela dit, étant donné la polyvalence demandée et la volonté de former des professionnels capables de suivre toute la chaîne de fabrication jusqu'au compositing, des notions de coloriste sont les bienvenues. Pour résumer, il faut être une "pointure" en dessin et sans point faible."
Le dossier graphique
Les candidats doivent présenter un dossier graphique. Hélène Beau précise : "On demande aux candidats d'être créatifs, c'est-à-dire de pouvoir raconter des histoires en images. On ne recherche pas des candidats ayant tous le même profil. Parfois, on entend des rumeurs selon lesquelles, les professeurs des Gobelins auraient telle ou telle préférence pour tel ou tel style d'animation. C'est tout à fait faux. Notre philosophie est à l'opposé : ce que nous voulons au contraire, c'est que les étudiants soient curieux des différents styles de dessins animés sans à-priori, même si, bien sûr, ensuite chacun forme son goût."
Les épreuves du concours
Les épreuves écrites du concours se déroulent tout au long d'une grosse journée de 8 à 18 h en continu. A cette occasion, les candidats déposent également leur dossier graphique.
Les épreuves sont :
(attention : ces exemples sont donnés uniquement à titre indicatif et n'engagent en rien quant aux contenus effectifs des prochaines sessions)
1/ Dessin : étude de personnage en mouvement (épreuve éliminatoire), à traiter en style cartoon et réaliste avec modèle. Exemple : un personnage s'entraînant à l'épée devant un miroir.
2/ Story-board : mise en images d'un texte en 20 vignettes. Cela permet de juger la création de décors, de personnages, le sens narratif, les problèmes des raccords, la composition et le cadrage.
3/ Un QCM (questionnaire à choix multiples), portant sur le cinéma d'animation, la peinture, l'informatique...
4/ Une épreuve de perspective et de logique pour vérifier le sens de l'espace.
5/ Un commentaire écrit d'après une oeuvre (gravure, sculpture, etc.).
Enfin, le concours comporte une épreuve orale où il est demandé aux candidats d'analyser un extrait de film; d'expliquer leur motivation, et de présenter leur dossier personnel de dessins originaux (40 planches maximum), de line-tests ou de court-métrages (cassette vhs ou cd en quicktime, 5 minutes maximum).
Quelques conseils pour se préparer au concours
Il est recommandé, entre autres, de se constituer une culture cinématographique, de regarder les films avec un oeil "analytique" et un esprit critique. Il faut se poser des questions par rapport aux intentions des réalisateurs.
Pour s'entraîner au story-board, il suffit de prendre n'importe quel poème ou histoire et essayer de l'illustrer. Ensuite, il faut le montrer à d'autres personnes et vérifier que les intentions ont bien été comprises et si ce n'est pas le cas, se demander pourquoi le message ne passe pas et retravailler...