
"Je me souviens avec précision du jour où Nicolaï m’a montré sa grande harde. J’avais croisé ce dernier une semaine auparavant, dans le petit village de Sebyan Kuyel, comme niché au coeur des Montagnes de Verkhoïansk. C’est le regard de Nicolaï à l’approche de la grande harde que je n’ai jamais oublié quand il l’a soudain aperçue ! Cette harde, il avait passé sa vie avec elle, il l’avait vue des milliers et des milliers de fois mais ses yeux la retrouvaient comme au premier jour.
- “Regarde !”
Devant nous, la masse brune de près de trois mille rennes avançait, poussée par les hommes et leurs chiens : un tonnerre de milliers de sabots. Et le regard de Nicolaï ! Aussi grand que fut le spectacle de cette harde en mouvement,de ce maelström gris et brun, rien ne valait ce que je voyais dans ces yeux-là. Ils brillaient d’un feu incomparable dont les flammes trahissaient toute la fierté de son peuple." (Nicolas Vanier)