Le 11 mars 2011, un tremblement de terre de magnitude 9 survenait au
large des côtes de l’île de Honshu au Japon. Le tsunami qui s’ensuivit
dévasta près de 600 kilomètres de côtes de la région de Tohoku, faisant
21 000 victimes et disparus et détruisant totalement ou partiellement de
nombreuses villes et zones portuaires. La catastrophe naturelle enclencha
également une série d’accidents majeurs dans les centrales nucléaires
de Fukushima. Près de 215 000 personnes furent évacuées le jour même.
Puis plusieurs centaines de milliers d’habitants vivant dans un rayon de
30 kilomètres autour de ces installations.
En novembre 2011, puis en février 2012, j’ai décidé de me rendre sur place.
J’ai alors cherché à rencontrer les gens qui habitaient ces lieux avant
l’événement. Je les ai trouvés dans des quartiers de logements temporaires
construits après la catastrophe. Les « kasetsu jutaku » sont des maisons
préfabriquées, organisées en petits villages et posés sur des terrains
vagues.
J’ai utilisé ces sentiments qui nous rapprochaient accidentellement des
survivants pour regarder la condition humaine. J’ai enregistré ces visages
pour m’interroger sur la place de l’homme dans le chaos. S’y côtoient la
détresse et la résignation, la douleur, mais aussi une demande à vivre. Dans
ce subtil et poignant mélange de faiblesse et de force, j’ai voulu lire la place
de l’homme et ses ressorts face à l’adversité.
Denis Rouvre