Nicolas Descottes a toujours porté un intérêt particulier aux traces de
certains actes de destruction. Avec sa série Collisions, débutée au centre
de simulation de catastrophes de Maasvlakte aux Pays-Bas en 2005 et
poursuivie depuis dans plusieurs autres centres du même type à travers
l’Europe, il donne à voir ces lieux à travers des images troublantes. Avions
factices, imitations de cargos, voitures encastrées… citernes en feu,
containers enfumés, déluges de neige carbonique… la reconstitution
d’accidents gravissimes types permet à des spécialistes, singulièrement
absents de ces prises de vue, de s’entraîner à y faire face.
Sur cette thématique très évocatrice, Nicolas Descottes a réalisé des
photographies qui, selon ses mots, intègrent « la dimension de la fiction et
la manière dont elle se mêle au réel ». Car, dans ces lieux où l’on reproduit
les catastrophes, ce qui arrive est à la fois vrai et faux : « les accidents
sont simulés, mais les matériaux, eux, sont réellement transformés et
deviennent comme des fossiles d’actions fantômes ».
Jouant de ce paradoxe, le photographe introduit dans son travail la
notion de « fantastique » pour mieux interroger l’ambiguïté de ce que l’on
interprète comme un drame dans le processus de destruction.