
Richard Dumas est issu de la Scène Rock Rennaise, unique et novatrice en
France, née fin des années 70 début des années 80, créée par des groupes
comme Marquis de Sade, Marc Seberg, Les Nus ou Etienne Daho dont
Dumas a accompagné les premiers pas sur scène. Ce rappel historique
est là pour signifier les affinités électives que le photographe entretient
depuis des décennies avec le monde du rock dont on trouve plusieurs
portraits dans l’exposition à la Galerie VU’ pendant le Mois de la Photo.
Sa culture, comme de nombreux artistes de sa génération s’est nourrie
de musique mais également de littérature et de cinéma. Cette culture quasi
encyclopédique est faite de choix, de références qui dessineront la ligne
de cette exposition. Et creuseront en filigranes sa propre histoire…
Dumas reste simple dans son appréhension du métier : lumière, temps,
matière. Ces notions se prolongent dans le travail effectué dans la chambre
noire où il effectue les tirages directement à partir du négatif. Petits
formats carrés dont il a finement déchiré les bords du papier ou grand
format sur Agfa avec son tireur complice, Antoine Agoudjan. L’attention
qu’il porte au tirage est aussi exigeante que celle apportée au moment de
la prise de vue.
Le style de Dumas est reconnaissable entre tous. Les visages finement
dessinés par la lumière qui affleure, ne luttent aucunement avec les noirs
profonds mais semblent doucement en émerger, captés par ce moment
voulu, attendu par le photographe où le modèle donne l’impression d’être
en train de découvrir le sentiment d’être pour un court temps comme
étranger à lui-même. De cette étrangeté naît une forme de beauté qui n’est
pas sans conférer un caractère existentiel à ses portraits. Et lié à cela, une
impression de mystère. Charlotte Gainsbourg dont le cou gracile, prêt à
se briser, fragile, paradoxalement prolonge un profil volontaire et têtu,