Charles Burns : "J’étais en train d’achever un projet de longue haleine, un livre intitulé « Black Hole », et je voulais entreprendre quelque chose de nouveau, que je n’avais jamais essayé de faire auparavant. Le travail d’un dessinateur / illustrateur est une tâche solitaire et j’avais envie de me lancer dans un projet réalisé avec une équipe, quelque chose qui me donne l’occasion de sortir de mon petit atelier et même de voyager dans un autre pays. L’autre chose qui m’attirait, c’était la présence des autres artistes et scénaristes qui participaient au projet. Je ne les connaissais pas tous personnellement, mais j’avais beaucoup de considération pour leur travail et je savais que je serais en bonne compagnie.
L’histoire est issue de l’une des premières bandes dessinées que j’airéussi à achever (c’est à dire un récit avec un début, un milieu et une fin) en1979. Elle s’intitulait « I’ll breed » (Je me reproduirai). Les dessins et les textes étaient assez maladroits, mais le thème central m’intéressait et méritait d’être exploré plus profondément.L’histoire contient des sujets récurrents dans mes récits - la transformation physique, l’identité sexuelle - , mais j’étais intrigué par la perspective de revenir sur des idées que j’avais eues lorsque j’avais une vingtaine d’années, et de les examiner sous un autre jour, vingt-cinq ans plus tard. La majeure partie de mon travail se réfère à des expériences personnelles, mais j’essaie de ne pas me préoccuper des sources, car ce n’est pas la partie du processus qui m’intéresse le plus. Dans toutes mes histoires, j’essaie de rester très attentif à mon subconscient et j’essaie de ne pas censurer ni supprimer les idées qui peuvent être dérangeantes ou révélatrices. Oui, tout est personnel, mais je préfère laisser mes récits et mes dessins parler d’eux-mêmes.Mes sources d’inspiration extérieures proviennent en grande partie de la cultureaméricaine populaire (et quelquefois un peu moins populaire) que j’ai découverte en grandissant, de la fin des années 50 jusqu’aux années 70. J’étais attiré par les films d’horreur sinistres, un peu miteux, et par les bandes dessinées trash qui révélaient la face sombre du rêve américain."