
"J’avais déjà collaboré avec Jerry Kramsky sur une bande dessinée consacrée à cette histoire, qui s’intitulait « Il santo coccodrillo » et qui plaisait beaucoup à Valérie Schermann. Nous avons juste gardé la base de l’histoire, et avons développé le thème de la peur. Les peurs qui m’ont le plus frappé quand j’étais
enfant, étaient issues des divagations fantastiques. Un simple bruit, la nuit, suffisait à me faire croire à la présence d’un fantôme. A la même époque, dans les années soixante, j’allais voir les films fantastiques produits par la Hammer. Il s’agissait des remakes anglais de Frankenstein, du Loup-garou, ou des films de science-fiction en noir et blanc qui racontaient les aventures du professeur Quatermass. Et le soir venu, dans l’obscurité, toutes ces images me revenaient en tête. Quand j’allais à la campagne, dans la maison de mes grands-parents, je cultivais toutes sortes de peurs, principalement autour de bruits qui suggéraient des présences mystérieuses. Les vieilles maisons sont très
bavardes, la nuit.
Le crocodile exposé dans l’église existe vraiment : il se trouve
dans une église de Mantoue. Personne ne sait comment il est arrivé là. On suppose qu’il devait y avoir une sorte de petit zoo dans la demeure d’un seigneur, peut-être à l’époque où on se passionnait pour les animaux dits « exotiques ». J’ai entendu dire que le crocodile s’était échappé et avait mangé deux frères. Mais il s’agit peut-être tout simplement d’un animal empaillé qui se trouvait dans un « cabinet de curiosité » de la Renaissance, et qui a été donné à l’église pour je ne sais quelle raison." (Lorenzo Mattotti)
Lorenzo Mattotti vit et travaille à Paris. Après avoir terminé ses études d’architecture, il a décidé de se consacrer à la bande dessinée. Il a été publié dans toutes les plus importantes revues graphiques. Ses livres sont traduits dans le monde entier. De « Incidents » à « Le signor Spartaco », en passant par « Feux », et tant d’autres jusqu’à « Le bruit du Givre » et « Lettres d’un temps éloigné », le travail de Mattotti a évolué avec une forte et constante
cohérence, mais toujours avec l’éclectisme de celui qui a le courage d’innover.
Pour les enfants, il a illustré et publié « Pinocchio » de Collodi, « Le pavillon sur les dunes » de Stevenson, et « Eugenio » qui a été récompensé en 1993 par le Grand Prix de Bratislava.
Il a également reçu le prestigieux Will Eisner Award en 2003 pour « Dr Jekyll & Mr Hyde » avec Jerry Kramsky.
Mattotti a aussi travaillé dans le domaine de la mode réinterprétant pour la revue Vanity les modèles des plus grands couturiers. Il a réalisé des campagnes publicitaires et dessiné les couvertures de revues telles que The New Yorker, Le Monde, Suddeutsche Zeitung.
En 1995, le Palazzo delle Esposizioni de Rome et le Frans Hals Museum de Haarlem lui ont dédié une rétrospective. Il a réalisé beaucoup d’affiches emblématiques : Cannes 2000, Lire en Fête et de multiples campagnes pour la Mairie de Paris.
En 2004, il a travaillé sur le film « Eros » de Wong Kar-Wai, Soderbergh et Antonioni, en créant les liens entre les trois épisodes. (dossier de presse)