
"Au début, j’avais trouvé une histoire courte intéressante à adapter,
intitulée « La main ». C’était le récit macabre d’une main coupée qui hante une
maison. Il y avait là de quoi produire des images très fortes et du suspense, mais la fin n’était pas satisfaisante. Plus je développais cette histoire, plus je m’égarais dans les à-côtés du récit. Au bout d’un moment, perdu et découragé, j’ai envisagé d’abandonner le projet. Heureusement, le scénariste Michel Pirus est arrivé. Nous nous sommes si bien entendus que nous avons décidé de collaborer sur l’histoire, qui est aussitôt sortie de l’impasse. Une grande partie de mon premier storyboard a été abandonnée - notamment une scène au cours de laquelle des personnages étranges arrivaient dans une maison pour participer à une séance de spiritisme - mais il fallait en passer par là.
En développant le scénario avec Michel, je me suis inspiré de mes propres craintes, comme la claustrophobie, mais aussi de la notion de la folie, du comportement obsessionnel et de la violence imprévisible qui peut en découler. J’ai revu certains films qui m’avaient frappé , comme « Repulsion » de Polanski, « Shining » de Kubrick, « Blue Velvet » de Lynch, pour voir comment ces réalisateurs avaient abordé ce sujet.
L’aspect du film est largement inspiré du travail graphique d’un artiste suisse du début du siècle, Félix Vallotton. Pendant mes recherches, j’ai découvert par hasard un livre consacré à ses oeuvres. Il a souvent utilisé un truc qui consiste à placer des formes noires sur un fond noir, de telle manière que le contour d’un volume disparaisse presque entièrement, et que vous ayez à compléter vous-même l’image dans votre esprit. Par exemple, il montrait seulement le visage et les mains d’un homme portant un costume noir dans une pièce noire. J’ai pensé que si j’utilisais cette idée en animation, l’emploi des formes pourrait être poussé plus loin dans l’abstraction tout en restant identifiable, et cette idée m’a passionné." (Richard Mc Guire)
Michel Pirus est né à Thionville en 1962. On le découvre en 1983 dans Métal Hurlant, où il publie des histoires animalières décalées, inspirées des classiques du dessin animé américain, l’ironie en plus. En 1989 paraît « Rose Profond » sur un scénario de Jean-Pierre Dionnet.
Sa rencontre avec le dessinateur Mezzo l’oriente vers le scénario. Il travaille régulièrement pour la publicité, a publié un album pour enfants et a créé « Canetor » avec Charlie Schlingo pour la revue Ferraille.(dossier de presse)