Congo Kitoko 1926-2015

Toute l'exubérance de l'art moderne du Congo.

Du Congo, on connait surtout l’artiste Chéri Samba, habitué de la FIAC. Et aussi à travers Paris Photo les photographies de « SAPEURS », ces élégants habillés pour faire la fête. « Beauté Congo », à la Fondation Cartier à Paris jusqu’au 10 janvier 2016, élargit le propos en les replaçant dans leur contexte artistique et social, en dressant un vaste panorama de l’art moderne et contemporain au Congo depuis les années 20.

On commence le parcours avec la dernière génération, celle des Jean-Paul Mika et Monsengo Shula, apparue au début des années 2000, et qui veut inscrire le Congo dans la modernité du monde dans la lignée de Chéri Samba et de la génération révélée par les années 70-80. Et puis on remonte le temps : les années 50-60, creuset d’un art congolais moderne avec l’académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Avec enfin les précurseurs, des années 20 à l’après-guerre, artistes traditionnels initiés à la peinture sur toile par quelques Européens éclairés.  Les thèmes évoluent aussi : liés d’abord à la nature, à la vie quotidienne, aux fables locales et aux rêves, ils abordent dès les années 60-70 les réalités politiques et sociales de leur temps. Mais ces « artistes populaires » comme ils se nomment eux-mêmes restent en même temps fidèles à une peinture figurative, explicite et séduisante.

Oublions les référence à la peinture naïve, il faudrait plutôt parler ici de roublardise : derrière le rire et la fête, la critique sociale n’est jamais loin, et ces artistes font preuve d’une ironie mordante. Et partout, les peintures explosent de couleurs et de mouvements, cultivent une figuration au service de la narration, d’un propos qui se veut accessible à tous. Un vrai contraste avec l’art contemporain occidental, souvent sombre et conceptuel. Un autre continent.

Clémentine Gaspard, septembre 2015