L'avant-garde et le livre yiddish
Le Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme consacre une exposition à la naissance, en Russie et en Pologne, d'une avant-garde artistique juive dans le contexte de la révolution russe. De Chagall à Lissitzky, 210 oeuvres témoignent de cette période de création brève mais intense, centrée sur la réappropriation de la langue yiddish.
En 1923, El Lissitzky revient sur la naissance de ce courant, intense, bref, qui vit de jeunes créateurs tenter d'inventer une expression artistique spécifiquement juive.
"Qui étions-nous ? Quelle place tenions-nous dans le concert des nations ? Quelle était notre culture ? Et quel devait être notre art ? Tout cela s'est joué dans quelques bourgades de Lituanie, de Biélorussie et d'Ukraine..." écrit-il dans Mémoires de la synagogue de Mogilev.
L'objectif de ces artistes ? Concilier le retour aux traditions juives et une extrême modernité. Leurs créations seront intimement liées à une littérature et à un théâtre yiddish alors en plein essor.
C'est ce mouvement, mal connu, que met en lumière l'exposition Futur antérieur. C'est l'éblouissante fulgurance de la culture yiddish avant son tragique anéantissement.
El Lissitzky, Marc Chagall, Joseph Tchaïkov et bien d'autres artistes, moins connus, expriment toute la richesse de cette réappropriation créative des codes traditionnels juifs. Une expression qui s'est principalement traduite par des livres en langue yiddish et illustrés.