L'art en prise directe

MAC/VAL, un nouveau sigle qui recouvre une réalité multiple. En extérieur le Musée d'Art Contemporain du Val de Marne, bâtiment racé et nouvelle fierté du département. En intérieur une recherche muséographique poussée qui intègre contenant et contenu, bâtiment et oeuvres, pour en faciliter l'appréhension par le public. Et in fine une vraie réussite qui ne laisse pas indifférent.

Ce n'est pas le premier musée d'art contemporain hors Paris, loin de là, mais il est remarquable à plusieurs titres. L'ouverture ce 18 novembre 2005 du Musée d'Art Contemporain du Val de Marne est l'aboutissement d'un projet vieux de 20 ans. Dès les années 80, le Conseil Général du département crée un Fonds Départemental d'Art Contemporain (FDAC) qui au fil des ans va accumuler une collection d'un millier d'oeuvres (7,7 millions € d'acquisitions d'oeuvres d'art les 4 denières années seulement) et centrée sur la création française depuis les années 50. Le Musée lui-même, vitrine du FDAC, est en gestation depuis 1990 (le concours d'architectes a été finalisé en 1992!) et en construction depuis 2000 pour un budget total de 30 millions € (½ Conseil Général, ¼ Région IdF, ¼ Etat). Objectif : présenter l'art en France de 1950 à maintenant, et surtout le rendre accessible au plus large public possible, pas seulement aux « bobos ». Une équipe de 65 personnes, recrutées pour la plupart localement, s'y emploiera. Bref, l'antithèse du Palais de Tokyo à Paris.

L'Exposition permanente, sur 2600m2, compte 150 oeuvres sur les 1000 accumulées depuis 20 ans par le FDAC , avec une organisation thématique des oeuvres qui sera renouvelée une fois par an L'espace d'exposition temporaire couvre 1350m2 avec une thématique par saison et plusieurs « monographies »d'artistes qui se succèdent. La signalétique (encore à installer) est de Ruedi Baur. Le reste des 13000m2 offre, en plus des réserves et ateliers (1700m2), une salle de cinéma de 150 places, un restaurant, un centre de documentation, des espaces pédagogiques, etc. Notons que ce restaurant nommé « Transversal » se veut un lieu de création culinaire (avec 4 chefs connus aux fourneaux), ainsi qu'« une passerelle expérimentale entre les arts plastiques et la gastronomie ».

Un musée exemplaire?
Un peu tôt pour en juger, mais les débuts sont prometteurs. L'intérêt du MacVal est non seulement dans sa collection, mais surtout dans la façon d'accrocher l'oeuvre elle-même pour interpeler le visiteur et fournir une émotion artistique. L'art contemporain est souvent élitiste, voire abscons et impénétrable pour le grand public. Le travail muséographique du MacVal fait tout pour casser cette barrière. L'organisation thématique (et non pas chronologique ou par auteur) met ici en situation et fait dialoguer des créations diverses, avec un bâtiment qui sait se montrer discret pour mieux mettre en valeur son contenu. Et « Détour », l'exposition temporaire (jusqu'au 26 mars 2006), conçue par l'artiste Jacques Monory lui-même, vaut la visite à elle seule : un parcours en spirale, chromatique (du bleu nuit au blanc), encadre une quarantaine d'oeuvres de l'artiste des années 60 à aujourd'hui. La visite en images commentées ci-dessous vous en donnera un (faible) aperçu, nous ne pouvons que vous encourager à aller voir tout cela « in situ ».

 
Paul Schmitt - 11/2005
Musée d'Art Contemporain du Val de Marne,
Place de la Libération, 94400 - Vitry-sur-Seine,
France Ouverture le 18 novembre 2005.