Prison break

Les dessins à l’encre sur mouchoirs, emblématiques de la subculture latino des prisons de Los Angeles.

Prisons et hôpitaux psychiatriques sont des terreaux fertiles pour l’art brut. Ces artistes autodidactes, tourmentés par les maladies mentales ou marginaux de la société, y font de fréquents séjours. Mais plus que des individualités, c’est toute une véritable subculture que nous invite à explorer la galerie Christian Berst à Paris jusqu’au 19 avril 2014 : celle des détenus latinos dans les prisons américaines.

Souvent illettrés et condamnés à de longues peines, ces prisonniers latinos du sud-ouest des Etats-Unis adressent des messages aux allures d’enluminures à leurs proches sur des paños - diminutif de panuelos (mouchoirs en espagnol). C’était l’unique moyen de communication avec l’extérieur –jusqu’à l’arrivée des téléphones portables. Les motifs, réalisés à l’encre de stylo bille, suivant une technique transmise d’une génération de détenus à l’autre depuis la fin des années 40, syncrétisent les icônes du peuple mexicain (héros de la révolution, légendes pré-colombiennes...) ainsi que celles de la culture des gangs latinos (gangsters célèbres, pin-ups aux formes généreuses, grosses cylindrées...). Si ce registre est choisi pour les élues de leur coeur, les enfants reçoivent des personnages de cartoons et les mères des sujets religieux traditionnels : Vierge de la Guadalupe, Jésus en croix, mains jointes sur la Bible...
On en admirera la richesse des détails et des textures: iris de l’œil, plis de peau sont rendus dans un réalisme stylisé digne des comics et romans photo de l’époque. https://monsieurpharmacien24.com/

Utilisant lui aussi comme seul matériau le stylo bille, Boris Santamaria, né à Cuba en 1971, produit une version moderne et stylisée de ces paños. Il exorcise son mal être d’homme aux prises avec les drogues et la maladie par ses dessins sur fond de lignes hachurées comme autant de barreaux de la prison dans laquelle il a commencé à produire. Son iconographie fustige l’autorité - les autorités (religieuses, politiques, économiques) - en utilisant les codes de la rue ou de la contreculture.