Arts et divinités : 1760-1860

Le Musée du Quai Branly, qui se consacre aux arts premiers, emmène ses visiteurs dans les bagages du Capitaine Cook, à la rencontre des merveilles polynésiennes des 18e et 19e siècles.

Cette exposition est la plus importante jamais consacrée à l'art polynésien. Au fil des vitrines du Musée du Quai Branly, ce sont pas moins de 250 pièces splendides et rarissimes qui s'exposent et délivre un peu plus d'information sur la formidable culture des peuples mélanésiens.

Le temps explorateurs

Remontons ensemble le temps,  jusqu'à l'époque des grandes expéditions maritimes... Fin du 18e siècle, début du 19e. C'est le siècle qui voit la rencontre, le choc, entre les conquistadors européens, le britannique Cook en tête, et ces sociétés insulaires jusqu'alors préservées du bruit et de la fureur venus d'Europe. Voyageurs, explorateurs, missionnaires, colons... Tous ont rapporté dans leurs malles une statuette, une pagaie, un plastron ou une décoration pectorale, joyau de bois, de plumes, de coquillage et d'os de cachalot.

L'exposition s'organise autour de cinq pôles thématiques : la mer, Marae/le temple, la terre, "Construire le divin" et les collectes.

La mer

La mer est au centre de la vie des polynésiens. Son rôle est crucial : elle fournit nourriture, matières premières, et constitue une "voie" d'échanges importante. Véritable domaine cosmologique, elle est associée aux chefs, aux dieux et aux pouvoirs divins. Grands navigateurs, les polynésiens paraient leurs pirogues de gravures et sculptures. Possédant de outils adaptés à chaque type de poissons, ces marins aguerris accordaient une grande valeurs aux hameçons, la coquille d'huître perlière étant le matériau le plus prisé en la matière.

Marae / le temple

Chez les polynésiens, la relation qui unit l'homme aux dieux est extrêmement importante. Afin d'obtenir la faveur divine, des échanges avec les pouvoirs divins étaient établis par des offrandes mutuelles et des bénédictions. Ces offrandes pouvaient être faites sur des autels domestiques ou dans des temples consacrés, appelés "Marae" en plusieurs endroits de la Polynésie. Pendant les rituels religieux, la notion abstraite de "divinité" était matérialisée par des objets - images, tambours, pierres et reliques - ou des personnes comme les chefs ou les prêtres.

La terre

La terre et la mer étaient associées à des attributs divins, sous la forme de dieux. Tangaroa était associé à la mer quand Tane l'était à la forêt. Ces domaines, ainsi que les oiseaux qui les habitent, fournissaient des matériaux de prix qui étaient utilisés pour créer des objets culturels. A cette époque, les polynésiens se servaient de haches en pierre (avant d'adopter le métal venu d'Europe) pour abattre les arbres des forêts. Les sculpteurs, eux, optaient plutôt pour des outils fabriqués en os ou en dents de requin. Les armes étaient faites en bois, plus rarement en pierre.

"Construire le divin"

Afin de permettre aux hommes d'établir des relations productives avec les dieux, les formes abstraites du divin trouvaient leur expression physique dans des objets, souvent anthropomorphes, assemblés à partir de matériaux bruts.

Les collectes

Sujet épineux, sensible, qui rappelle les errements des explorateurs, des colonisateurs et des missionnaires, la collecte de ces magnifiques objets n'a pas toujours été liée à de tristes événements.
De nombreux européens les ont acquis pour des raisons scientifiques ou comme témoignages de leurs voyages, de leurs amitiés et de leurs rencontres dans les Mers du Sud. De leur côté, les missionnaires collectaient des "idoles" comme preuve du succès de leur évangélisation. Ces objets étaient présentés dans des musées de missions, confrontant le public à "l'idolâtrie" afin de l'encourager à donner de l'argent pour soutenir l'action des missions.
Mais les européens n'étaient pas les seuls à s'intéresser aux objets exotiques. Les Polynésiens étaient eux aussi curieux des bizarreries peuplant les coffres des voyageurs - métal, étoffes et armes à feu en tête. Ils étaient également intéréssés par les objets venus d'ailleurs en Polynésie, comme l'atteste les plumes rouges rapportées par les navires du célèbre Capitaine Cook de Tonga à Tahiti.

Léonor de Bailliencourt - Juillet 2008
Jusqu'au 14 septembre 2008.
Musée du quai Branly, 37 quai Branly, Paris 7e.
Ouvert les mardi, mercredi et dimanche de 11h à 19h et les jeudi, vendredi et samedi de 11h à 21h. Fermé le lundi.