Raw Vision

25 ans au service de l’art brut.

L’art brut, encore appelé art outsider, a toujours du mal à faire entendre sa différence. Peut-être dérange-t-il quelque peu nos convenances en matière d’art ? L’art brut est un vaste domaine peuplé d’artistes autodidactes qui s’expriment en-dehors des canons de leur époque. Un style naïf, une obsession des détails en sont des traits courants. Inspiration populaire comme chez Cheri Samba, héritier africain du douanier Rousseau, religion ou même délires paranoïaques en sont les piliers. Avec souvent un dénominateur commun : la souffrance physique ou morale que beaucoup de ces artistes ressentent et expriment.

Cette « face cachée de l’art contemporain » a quelques points d’appui à Paris. Citons d’abord la galerie Christian Berst, découvreur de talents infatigable depuis 2005. Et aussi la Halle Saint Pierre à Montmartre qui s’est fait une vocation d’exposer l’art brut depuis 1986.

Après l’exposition Hey! en ce début 2013 (voir ICI), la Halle Saint Pierre à Paris continue à explorer cet art outsider en célébrant les 25 ans de Raw Vision, principale revue (anglophone) sur l’art brut. Trimestrielle, Raw Vision offre une vue complète de la place de l’art brut dans le monde et  présente l’actualité d’artistes venus de tous les continents et de lieux d’expositions répartis dans le monde entier. Plus de 80 artistes et 400 œuvres du monde entier sont ainsi réunies à la Halle Saint Pierre jusqu’au 22 août 2014.Toutes les sensibilités y sont représentées: pop culture (Joe Coleman…), représentants incontournables de l’art brut (Henry Darger, Aloïse Corbaz, Adolf Wölfli, Johann Hauser, August Walla…), art visionnaire sous ses formes mystiques ou cosmiques (Norbert Kox, William Thomas Thompson, Donald Pass…), Black Folk Art américain (Bill Traylor, Mose Tolliver…) ou bâtisseurs de l’imaginaire comme l’artiste indien Nek Chand, créateur du Rock Garden, l’un des environnements les plus célèbres au monde. L’art brut est universel.

Paul Schmitt, octobre 2013