Space Age

Vingt artistes contemporains livrent leur vision de la conquête de l’espace.

Intéressante question que celle posée par le galeriste Thaddaeus Ropac à une vingtaine d’artistes : que vous inspire la conquête de l’espace ? Apparemment pas grand’chose de positif à en juger par les œuvres rassemblées à la galerie Ropac de Pantin jusqu’au 23 décembre 2015.

La mort y est très présente, aussi bien dans la monumentale sculpture de fusée d’Anselm Kiefer que dans la maquette de l’infortunée navette Challenger par Tom Sachs. Et la palme de l’humour noir revient sans conteste à Fallen Angel, une sculpture représentant l’accident d’Icare vu par Ilya et Emilia Kabakov. La conquête de l’espace ne serait-elle qu’une nouvelle manifestation de l’hubris, de la démesure humaine ?

Robert Rauschenberg y voyait surtout une contribution à la pollution qui envahit notre monde. Avouant être stimulé par la demande de Thaddaeus Ropac qui l’a forcé à sortir de ses préoccupations habituelles, plus axées sur des pratiques ordinaires, Jules de Balincourt décrit lui-aussi le chaos résultant de millions de débris parsemant le vide autour de nous et s’interroge sur les intérêts financiers qui poussent les nations à investir dans la conquête spatiale.

D’autres questionnent la représentation qui accompagne ces aventures. Jeu vidéo de combat aérien détourné par Cory Arcangel, maquettes de fusées par Sylvie Fleury et Stephan Balkenhol (la fusée de Tintin pour ce dernier !) « soulignent la valeur d’usage de l’iconographie spatiale transformée en bien de consommation courante ».

Faut-il compter sur le réalisme stylisé de Robert Longo ou l’abstraction géométrique de James Rosenquist pour retrouver une vision positive ? Rien n’est moins sûr, tant l’espace suscite à l’évidence chez les artistes un questionnement multiple, plus proche du doute critique que de l'enthousiasme.

Paul Schmitt, octobre 2015