Street Generation(s)

Underground à ses débuts, le street art est devenu un mouvement artistique majeur. Et le fait savoir.

Ville ouvrière mais délaissée par l’industrie, ville jeune par sa population, Roubaix est un cadre tout à fait adapté au street art. Ancien lieu de conditionnement de la laine, ancienne friche industrielle réhabilitée en centre artistique et culturel en 2004, La Condition Publique à Roubaix propose ainsi jusqu’au 18 juin 2017 « Street Generation(s) », rétrospective inédite de 40 ans d’art urbain.

Aux manettes, la galeriste Magda Danysz qui s’est faite une spécialité de ce qu’on appelait naguère les graffiti. Magda Danysz représente d’ailleurs plusieurs street artists tels Shepard Fairey, Futura, JonOne, JR, Ludo ou encoreVhils. « Dans les années 70 et 80, explique-t-elle, on voit naître le mouvement avec les graffiti, peintures murales colorées faites avec des bombes aerosols dans un style que l’on appelle aujourd’hui “Old School”. Les artistes écrivent alors principalement leurs noms de façon artistique sur de grandes surfaces à la vue de tous. Le mouvement évolue ensuite dans les années 90 vers un art plus tourné vers le message que la signature. Les artistes utilisent les murs pour diffuser leurs idées. Ils envahissent leurs villes et créent tout un système signifiant. Ils utilisent de plus en plus de nouvelles techniques comme le pochoir et le collage d’affiches ». Avec les années 2000, ce mouvement artistique continue de se diversifier et est largement accepté au point qu’agences de publicité ou designers font appel à eux pour habiller murs et surfaces de leurs talents, comme récemment les 5 étages de parking de Les Dunes, nouvel ensemble de bureaux de la banque Société Générale près de Paris.

« Street Generation(s) » rassemble près de 50 artistes et déborde largement le cadre de la seule rétrospective. Le quartier avoisinant du Pile voit ses murs en brique se colorer de fresques réalisées sur place par 7 artistes. Et une quinzaine d’artistes régionaux se sont vus offerts la rue intérieure de la Condition Publique comme tremplin à leur talent. Roubaix, capitale mondiale du street art ?

Clémentine Gaspard, avril 2017