Matali Crasset: Hi-Matic

Designer industriel de formation, Matali Crasset a depuis longtemps dépassé ce seul cadre pour « questionner l’évidence des codes qui régissent notre vie quotidienne et mieux s’en affranchir ». Scénographie, graphisme, architecture intérieure se sont ainsi rajoutés à ses terrains d’expérimentation, exposition et prix se sont succédés depuis les années 90.

Matali Crasset avait déjà collaboré avec le groupe hôtelier  Hi-Life de  Patrick Elouarghi et Philippe Chapelet pour les hôtels Hi-Life à Nice (2005) et Dar Hi en Tunisie (2009). Elle a voulu y offrir plusieurs espaces à vivre distincts, dans un esprit résolument contemporain mais respectueux de l’environnement. Jamais deux sans trois : l’hôtel Hi-Matic vient d’ouvrir ce printemps 2011 à Paris. Petite structure de 42 chambres sur 5 étages,  située dans un immeuble ordinaire quartier de la Bastille à Paris, l’hôtel Hi-Matic brille surtout par son agencement intérieur. Le concept : non pas un hôtel low-cost, mais une nouvelle façon d’habiter un hôtel, plus ludique et plus simple. Amateurs de palaces s’abstenir, on est plutôt ici dans un style « bobo fonctionnaliste » en accord avec l’ambiance branchée du quartier.

Les chambres, petites, sans décoration aux murs autre que la peinture organique, prennent la forme de cabanes en bois et panneaux de verre en couleur, un peu comme des chambres d’enfants. Un lit plateforme avec un matelas à mémoire de forme est au centre de la chambre et fait office de sofa durant la journée pour profiter au maximum de l’espace. Le client est invité à « habiter la cabane comme il le veut pour rendre son séjour agréable et original, pour évacuer le stress d’une journée à Paris. »

Les parties communes prolongent cette ambiance sobre, fonctionnelle et ludique à la fois. L’espace y est structuré par  des cocons/cabines où on peut s’abriter/s’isoler symboliquement pour manger, lire, travailler. Particularité qui a valu à l’hôtel Hi-Matic beaucoup d’attention des médias : c’est le premier hôtel entièrement automatique. Pas de personnel, la réservation par Internet  fournit un  code d’accès, et l’enregistrement et paiement se font par carte bleue sur un terminal dédié qui vous fournit alors votre clé de chambre. Petit déjeuner bio et autres nourritures sont disponibles grâce à des automates de vente dans la salle à manger en sous-sol et dans le lobby. Une révolution dans l’accueil qu’on jugera selon son goût libératrice ou déshumanisante.

Faites-vous votre propre idée, la galerie ci-jointe vous propose le tour du propriétaire…

Clémentine Gaspard, juin 2011