Zaha Hadid une architecture
Tel un vaisseau spatial chargé de présents, le pavillon Mobile Art abrite sur le parvis de l’IMA les projets de la célèbrissime architecte Zaha Hadid.
Double motif pour courir à cette exposition de Zaha Hadid: ses réalisations et projets, en particulier les grandes tours, et découvrir son pavillon Mobile Art, nouvel espace implanté sur le parvis de à l’Institut du Monde Arabe à Paris. Le design architectural de Zaha Hadid est à la fois futuriste, fonctionaliste et tout en courbes organiques, et lui a valu en 2004 le prestigieux Pritzker Prize (considéré comme le prix Nobel d’architecture) et le prix britannique Stirling en 2010.
D’origine irakienne, diplômée (1977) de l’Architectural Association de Londres, Zaha Hadid cherche à repousser en permanence les limites de l’architecture et de l’urbanisme. Dans son travail, elle entreprend des expérimentations avec des concepts spatiaux inédits, enrichissant les paysages urbains. Son approche esthétique englobe tous les domaines de la création, s’appliquant autant à l’échelle de la ville qu’à celle des espaces intérieurs, du mobilier ou des objets. Reconnue pour des réalisations qui ont désormais fait école – le poste de pompiers de Vitra, Land Formation- One, le tremplin de saut à ski de Bergisel, le terminus du tramway de Strasbourg, le Centre Rosenthal d’art contemporain de Cincinnati, le bâtiment central de BMW à Leipzig, l’intérieur de l’hôtel Puerta America à Madrid, l’agrandissement du musée Ordrupgaard à Copenhague ou encore le musée Phaeno de Wolfsburg –, sa démarche prend aussi bien en compte la topographie naturelle que les structures artificielles.
Le pavillon Mobile Art
Conçu en 2007 par Zaha Hadid Architects pour héberger les expositions itinérantes de la marque Chanel, Mobile Art a trouvé en 2010 son port d’attache définitif à l’Institut du Monde Arabe. Sa forme organique s’inspire de motifs en spirale présents dans la nature. Ce dispositif d’organisation et de croissance permet une expansion du pavillon vers sa circonférence, offrant des espaces publics généreux dès l’entrée avec une terrasse de 125 m2. La configuration du pavillon résulte de la distorsion d’un volume torique. Le tore, circulaire, permet de différencier les espaces d’exposition, disséminés dans sa circonférence ; alors qu’au centre, un patio de 65 m2 reçoit la lumière du jour et offre aux visiteurs un lieu de rencontre et d’échange.
Pour Zaha Hadid , « la complexité, les avancées technologiques dans les logiciels graphiques, ainsi que les techniques de construction, ont rendu possible l’architecture du pavillon Mobile Art qui suggère la fluidité, la nature. Ce sont les approches numériques qui nous ont permis de réaliser cette forme organique et d’échapper à l’ordre répétitif de l’architecture sérielle du XX° siècle, dominée par son aspect industriel. »
L’enveloppe plastique du pavillon, renforcée de fibres de verre, habille une succession de segments d’acier arqués de taille décroissante. Les éléments structurels ne dépassent pas 2,25 m de large chacun. Les joints des parois, éléments formels importants du revêtement extérieur de la façade, ponctuent l’espace intérieur constituant un rappel visuel qui rythme le parcours d’exposition. L’intérieur du pavillon, qui abrite l’exposition, est enrichi de formes fluides qui structurent la boucle torique et créent des ruptures au fil de la visite.
L’exposition, jusqu’au 30 octobre 2011, présente une série de programmes de recherche conduits par Zaha Hadid Architects au cours des dernières années. Différents médias sont employés pour montrer les travaux : maquettes, prototypes, sculptures, peintures, films. Une trentaine de projets internationaux sont exposés, dont la tour Spirale à Barcelone, le quartier général pour Eusko Tren à Durango en Espagne, le Centre Aquatique des jeux Olympiques de 2012, actuellement en construction à Londres, le projet Guggenheim à Singapour, la tour CMA GCM à Marseille ou encore le bâtiment Pierres Vives pour le Département de l’Hérault, actuellement en construction à Montpellier.
L’exposition présente également les projets d’architecture de Zaha Hadid dans le monde arabe tels que le Centre des Arts du Spectacle d’Abou Dhabi (Émirats Arabes Unis), la tour du Nil au Caire (Égypte), les tours Signature à Dubaï, ou la tour Saphira à Rabat (Maroc).
De plus, l’exposition aborde les recherches en cours sur les tours paramétriques. Ce programme définit et développe un cadre conceptuel pour la création d’un prototype de tour, qui peut être utilisé comme base d’un ensemble d’outils appliqués à un grand nombre de situations spécifiques. Les éléments individuels - volume, enveloppe, noyau, vide, structure – subissent des modulations, aussi bien individuellement que de concert. Le résultat final est un système totalement malléable, capable de distinguer des familles et des genres de tours en réponse aux paramètres saisis par un utilisateur, ou selon des considérations environnementales. Ces recherches ont déjà été appliquées à la pratique architecturale, notamment à l’occasion de concours pour la conception de tours à une échelle urbaine étendue. Le caractère novateur de l’architecture paramétrique réside dans la prise en compte directe non seulement de paramètres contextuels objectifs (surfaces, hauteurs, climat, jauge…), mais aussi qualitatifs, sociologiques et plus subjectifs (usages, contraintes sociales, etc.).
Clémentine Gaspard, mai 2011