Flavia Cocchi

Flavia Cocchi investit la galerie Anatome de son graphisme rigoureux et chaleureux à la fois.

Née à Lausanne en 1962, Flavia Cocchi a suivi les cours de l’école des arts décoratifs de Genève. Formation  complétée – particulièrement en typographie – durant quatre années dans l’atelier de Werner Jeker. Elle a ensuite travaillé à Paris pour l’agence Anatome de 1988 à 1991 ainsi qu’en Italie pour Benetton en 1995 avant de revenir définitivement à Lausanne en 1997 où elle partage un atelier avec son frère Daniel, designer industriel. Flavia Cocchi travaille surtout pour des institutions publiques, en particulier  le Mudac (Musée de Design et d’Arts appliqués Contemporains) de Lausanne pour lequel elle a pris en charge identité visuelle et l’ensemble de la production graphique depuis son ouverture en 2000. A travers les catalogues du musée, le livre va ainsi lui devenir un support de prédilection, en sus des affiches, pour exprimer sa créativité.

Flavia Cocchi aime la sobriété, les matériaux industriels et s’entoure d’objets divers pour mieux s’en inspirer. Elle ne veut pas faire de « graphisme graphique ». Dans ses affiches ou ses livres, elle travaille particulièrement la typographie même si ses affiches utilisent (presque) toujours la même police, l’Akzidenz Grotesk, une typo sans serif classique créée par la fonderie H. Bertold en 1896. Bref, un profil sobre, rigoureux, bien suisse comme Flavia Cocchi elle-même. Mais ne vous y fiez pas : mine de rien, Flavia Cocchi sait bousculer les conventions et le cas échéant faire éclater la couleur dans ses visuels. Son style fait de retenue sait s’effacer devant le sujet traité et laisser la première place à un visuel impactant : la diversité des affiches exposées à la galerie Anatome en fait foi. Et ses catalogues deviennent des objets que l’on touche autant qu’on lit, toujours au service du sujet traité, avec parfois un humour qui confine au second degré comme Nature en kit (2009) sur le jardinage ou le livre pour le Palace Beau-Rivage (voir visuels pour des commentaires plus détaillés). Un moyen aussi de désacraliser l’œuvre, d’inviter le public à interagir avec.

L’exposition à la galerie Anatome
Flavia Cocchi a opté pour une scénographie sobre, bien en accord avec le lieu, ancien atelier de fabrication. Au rez-de-chaussée, livres et catalogues ; à l’étage, les affiches. Et au sol, en guise de vitrines, des caissons d’envoi d’objets de la poste suisse sont aménagés en vitrines pour montrer livres ou croquis préparatoires : question d’esthétique autant que de budget pour une designer qui en apprécie le côté brut. En mezzanine, des travaux d’identité visuelle pour des clients privés. Et sur le mur du fond, le visiteur est invité à jouer aux « mots cachés », en trouvant une liste de mots dans la jungle de lettres qui tapisse la paroi ; Flavia Cocchi a inauguré elle-même ce mur en cochant les premières lettres pendant le vernissage presse de l’exposition. L’humour, avec un sens de l’ « understatement » très anglais, est décidément un trait de caractère bien ancré chez Flavia Cocchi.

Paul Schmitt, octobre 2010

Du 1er octobre au 11 décembre 2010
Galerie Anatome
38 rue Sedaine, Paris 11ème