Another Exhibit about Promotion and Sales Material

Plus de travaux, plus de visuels: le "Stefan Sagmeister tour" - si vous nous permettez l'expression - fait étape au Grand-Hornu en Belgique. Une exposition qui prolonge et étend celle auparavant aux Arts Décos à Paris en 2012 et au Mudac de Lausanne en 2011, avec des commandes récentes comme l’identité visuelle d’un centre commercial aux Emirats. Tous ces travaux dits « commerciaux » sont exposés et commentés par Stefan Sagmeister lui-même.

Graphiste, Stefan Sagmeister ? Oui, mais aussi artiste plasticien, et proche du pop art. Ses admirateurs le qualifient même de pop star…

Né en 1962 à Bregenz (Autriche), Stefan Sagmeister  étudie le design graphique à l'Université des Arts Appliqués de Vienne, puis part une première fois à New York en 1987 étudier à l’Institut Pratt. Il y revient définitivement en 1993 et y ouvre son propre studio dès 1994. Son travail sur les jaquettes de CD le rendent vite célèbre : David Byrne, Brian Eno, Lou Reed, les Rolling Stones ont recours à ses services, et ses créations lui valent  5 nominations aux Grammy Awards (les Oscars de la musique) qu’il décroche à deux reprises, pour Talking Heads et pour l’album de David Byrne et Bryan Eno. Parallèlement, Stefan Sagmeister conçoit aussi affiches, livres. En 2001, il sort une monographie best-seller Sagmeister, Made you Look, puis en 2008 le livre Things I Have Learned So Far In My Life.

Stefan Sagmeister fait preuve d’un goût pour l’action qui lui permet de dépasser le cadre figé d’un graphisme uniquement print : pour une compagnie de luminaires, il imagine une couverture de rapport annuel en relief thermoformé blanc, qui est ensuite photographiée, transformée à chaque fois par divers éclairages chatoyants de cette même entreprise. Chose plus inhabituelle pour un graphiste, Stefan Sagmeister conçoit  installations et performances.  Et il n’hésite pas à se mettre en scène lui-même, à utiliser son propre corps comme instrument de sa création, à le torturer même en se faisant  graver sur le torse et à la lame de rasoir le texte d’une affiche. Toutes performances qui démontrent au passage son amour de la typographie qu'il n'hésite pas à mettre en situation, à inscrire dans l'image, y compris en mouvement comme dans le spot de publicité pour la Standard Chartered Bank (2010).
Artiste versatile, il  est aussi proche du pop art : à la fois fasciné par et critique de la société de consommation. Proche d’un Takashi Murakami par certains côtés, mais en plus féroce et bien sûr moins manga dans l’expression.

Ancré dans la sphère commerciale, il sait néanmoins exercer humour et critique pour en décrire le caractère dérisoire et ainsi garder ses distances et sa liberté de créateur. Une attitude emblématique de notre époque et qui lui vaut ce statut de graphiste star en ce début de 21ème siècle.

Sagmeister: Another Exhibit about Promotion and Sales Material est le titre de cette exposition consacrée aux travaux commerciaux de Stefan Sagmeister et dont la mise en espace en a été confiée à l’agence lausannoise Big-Game. Connue, entre autres, pour ses propositions de mobilier et d’objets ludiques, Big-Game a été fondée en 2004 par le belge Eric Petit, le suisse Grégoire Jeanmonod et le français Augustin Scott de Martinville, anciens de l’ECAL où ils ont étudié le design industriel.

L’exposition, à voir au Grand-Hornu à Mons (Belgique) jusqu'au 28 août 2013, se concentre sur les travaux de commande de Stefan Sagmeister. Celui-ci reconnait ainsi qu'en Europe, contrairement aux US,  on aime distinguer le graphisme au service de la culture et de ses institutions des commandes à but publicitaire. Une mise en exergue que l'on interprétera au choix comme une approbation ou une marque d'ironie.. Qui sait?


Clémentine Gaspard, article et visuels mis à jour en mai 2013