Beb Deum

Beb Deum chante le corps hybride, métissé.

Bertrand Demay, aka Beb Deum, est un homme discret. Il vit à Auvers-sur-Oise, ville de peintres par excellence, mais en marge du microcosme parisien. Il a fait ses débuts en BD à Métal Hurlant dans les années 80, s’est taillé une renommée avec quelques albums bien sentis dans les années 90, avant de partir voyager. Des voyages qui ont joué un « rôle fondateur » dans ses nouveaux projets, aussi bien que les outils numériques qu’il est un des premiers illustrateurs à adopter dans les années 90. Sexe, exotisme et numérique marquent ses créations depuis : « J’ai commencé par la bande dessinée, par des récits, mais je me perdais dans les décors, les personnages en pied, habillés. J’ai petit à petit édulcoré les décors, les vêtements, et j’ai resserré sur l’humain. »

 Beb Deum a abandonné la BD, travaille comme illustrateur pour la presse (Libé, Les Echos, L’Obs), souvent sur des suppléments thématiques liés au numérique : Internet, transhumanisme, robots. Comme une marque de fabrique, tant son travail personnel ces dernières années sur le corps métis s'est affirmé, sur le fond comme sur la forme, au moyen du numérique, outil d'hybridation par excellence. « J’ai toujours été attiré par une perfection clinique que me donne aujourd’hui l’outil numérique, mais  en mélangeant avec des éléments qui viennent de la terre. » Il poursuit depuis 10 ans son projet Mondial TM autour du métissage et de la globalisation. Car selon Beb Deum, le corps métissé, produit de la mondialisation, en devient un produit marchand comme un autre.

Entraperçu à l’exposition d’art brut de la revue Hey ! à la Halle Saint Pierre en 2013, Beb Deum sort de sa réserve et expose sa dernière série Ethnopôlis au sous-sol de la librairie Signatures à Paris jusqu’au 5 avril 2016. Une exposition « semi-privée » insiste-t-il, surtout destinée aux amateurs et acheteurs de ses œuvres plus qu’au tout-venant. Volontairement en marge, comme d'habitude...

Paul Schmitt, mars 2016