Ciou Fräneck Malojo

Trois illustrateurs qui défient les classifications, mêlant merveilleux et cauchemardesque.

La galerie parisienneLe Pied de Biche continue son travail de mise en avant de la scène illustrative alternative et nous propose trois nouveaux artistes originaires du Sud-Ouest (Toulouse),  à découvrir sur place jusqu’au 29 juillet 2012.

Ciou, née en 1981 à Toulouse, s’est aménagée une place à part sur la scène artistique pop et lowbrow. Ce mouvement underground, également appelé Pop surréalisme, est né à la fin des années 70 aux États-Unis et s’inspire de la culture punk et rock, du tatouage, des comics, des films d’horreur et de séries B... Les œuvres de Ciou mêlent le merveilleux, l’onirique, le cauchemardesque. Une galerie de portraits et une succession de saynètes dévoilant au spectateur des personnages aux caractères amusants, burlesques, inquiétants. Femmes ou nymphes côtoyées par des yokai - créatures surnaturelles, monstres et esprits légendaires du folklore japonais - évoluent dans une sphère hostile, violente rehaussée de couleurs vives et acidulées. Le miroir d’une génération hantée par la mort, rêvant de nature et de douceur.
La carrière de Ciou a démarré aux Etats-Unis avec une exposition en 2004 à la Flux Factory de New York. Elle a ensuite exposé un peu partout aux US et en Europe et a publié son premier conte illustré, Chat Siamois, en 2009 chez Venus Dea (scénario : Guillaume Bianco). Ciou vit et travaille à Paris.

Les dessins de Fräneck fonctionnent comme des séries, des mises en scènes où personnages et paysages se côtoient dans un huis-clos où règne une atmosphère à la fois bon enfant et menaçante. Ce basculement du rêve au cauchemar, de l’harmonie à la discorde, entraîne les personnages et les différents éléments du décor dans une confrontation parfois violente, humoristique, toujours sur fond de couleurs vives et d’attention portée au détail.
Diplômé des Beaux-arts de Toulouse, Fräneck évolue aujourd’hui dans l’édition, l’auto-édition, les fanzines et revues collectives. Il a intégré il y a deux ans le Collectif Indélébile, basé à Toulouse, où ils organisent tous les ans un festival de petites éditions et de narrations graphiques.
Les dessins présentés pour l’exposition sont issus de son dernier livre Les Maisons, paru aux éditions Ion et disponible courant juin 2012, où Fräneck déconstruit joyeusement le concept pour mieux le réinventer.

Originaire de Bayonne, Malojo vit et travaille à Toulouse. Des héros de comics recyclés aux pastiches d’affiches de films d’horreur, les chocs visuels de Malojo mêlent références de notre culture populaire et  peintres classiques auxquels il aime se référer. Très marqué par les représentations religieuses et mythologiques où souvent le sublime le dispute à l’horreur d’une crucifixion ou d’une décollation, Malojo l’est tout autant par l’humour parfois cruel d’un « Screwy Squirrel » ou d’un « Road Runner & Will E. Coyote ». Son panthéon met côte à côte Bruegel et Bosch, Tex Avery et Walt Disney, Caravage ou Jack Kirby. Il a assimilé ces diverses influences qui donnent naissance à d’étranges cartoons aux physionomies difformes et aux visages traversés de spectaculaires cicatrices, ou d’adorables créatures mal intentionnées.

Clémentine Gaspard, juin 2012