Folon

Retour sur le surréalisme rêveur d’un illustrateur phare des années 70 à 90.

Les plus de trente ans ont encore en mémoire le générique de fin de la chaîne TV Antenne 2 créé par Folon en 1975 et à l'antenne jusqu’en 1984. Chapeautés, vêtus d’un manteau bleu, des bonshommes aux semelles de vent évoluaient tels des oiseaux parmi les étoiles, vers le soleil couchant. Resté célèbre, ce générique invitant les téléspectateurs à rejoindre le monde des rêves convoquait les thèmes et les motifs chers à l’artiste : l’homme et sa place dans la nature, la liberté, le voyage. « Qu’avons-nous fait d’autre que donner vie à nos rêves d’enfant ?» s’interrogeait-il à propos de la démarche des artistes...  Avec son style surréaliste et doux à la fois, Folon représentait l’Homme à la fois prisonnier de la ville et de la vie, mais aussi capable de s’en libérer pour découvrir de nouveaux horizons.

Abandonnant ses études d’architecture à Bruxelles, Jean-Michel Folon (1934-2005) se rend à Paris au milieu des années 1950 pour se consacrer au dessin. C’est finalement de l’autre côté de l’Atlantique, à New York, que différents magazines comme Horizon ou The New- Yorker publient, sans même le connaître, ses dessins dans leurs colonnes. Sa carrière est lancée, il sera un illustrateur incontournable des années 70 aux années 90. Son style très reconnaissable, dessins et aquarelles de couleurs pastel où dominent le brun et le bleu, contribue à sa notoriété. Clairement influencé par les surréalistes comme Magritte, Folon chemine à travers notre inconscient : silhouettes d’hommes en gabardine et gibus qui se superposent ou s’envolent pour mieux se libérer tels des oiseaux (un autre de ses sujet préférés). Ou encore des paysages lointains et désertés.

« Peu de gens se souviennent qu’il fut l’un des premiers à exprimer dans ses oeuvres la grande solitude de l’homme dans la ville. Des hommes seuls, souvent petits mais incroyablement présents, acteurs et spectateurs en même temps, qui ne semblent jamais prisonniers des murs des villes, palissades géantes qu’ils ont eux-mêmes dressées. Car il y a toujours chez Folon une aspiration à la liberté et des raisons d’espérer. », commente Guillaume Sébastien, fondateur de la galerie Guillaume à Paris. Admirateur de Folon  (il a déjà organisé une exposition "Folon insolite" en septembre 2009), il revient sur ce qui est à l'origine de sa renommée : le travail sur papier. Une sélection d'aquarelles et de gravures, mais aussi  quelques sculptures, sont l’occasion rêvée de (re)découvrir jusqu’au 2 avril 2011 cet artiste original, en marge des catégories esthétiques, mais aux préoccupations toujours actuelles.

Clémentine Gaspard, février 2011