Avec ou sans rétine

Graphiste et dessinateur, Olivsteen a également développement son écriture artistique en direction de la gravure. Après la parution de son livre Avec ou sans rétine, il expose ses gravures sur bois et linoleum à la librairie Le Merle Moqueur, dans le XXe arrondissement de Paris.

A l'origine du livre Avec ou sans rétine (paru en octobre 2008), Olivsteen souhaitait raconter dix ans de voyages intérieurs et visuels, des instantanés dans l'esprit de Gutenberg. Du végétal, des scènes se déroulant dans la réalité, ou bien derrière les paupières. Alternance - ou conjugaison - de calme, de lumière et d'étrangeté.
L'exposition au Merle Moqueur fait donc suite à la sortie de son livre, recueil de poésies courtes et de gravures.

Né un 29 février

Grandi à l’ombre des châteaux de la Loire, Olivsteen cultive depuis une passion boculique pour les mystères paisibles de la nature. Né en 1972, un 29 février, ce graphiste qui officie dans la presse est le fruit d’un arbre généalogique où se mêlent scientifiques et artistes, souvent les mêmes.

Arts décoratifs

Dès son plus âge, grandement encouragé, Olivsteen dessine. Mais c’est vers la science qu’il avait d’abord orienté ses pas avant d’obliquer vers l’Ecole nationale des Arts décoratifs. Passionné, embarqué, mais un peu en marge dans cette couveuse de l’élite graphique française, il obtient en 1995 un diplôme de Graphisme d’auteur sous la direction de François Miehe, l’un des fondateurs de Grapus, légende hexagonale du graphisme engagé. En 1996, au lieu de se lancer dans le grand bain du design graphique, Olivsteen rempile pour une année de gravure. Il apprend également la typographie aux côtés du Suisse Rudi Meyer.

Gravure

Peut-être inspiré par les pyrogravures de son grand-père, il adhère à l’esthétique et à la franche simplicité d’un medium qui permet de créer des images reproductibles, même sans argent. Dans sa lancée, Olivsteen apprend la reliure.

Mystique

Inspiré par l’expressionnisme allemand, fasciné par le Norvégien Edvard Munch ou le Japonais Shiko Munakata, Olivsteen revendique une inspiration quasi mystique qui se ressent dans ses gravures. Utopiste, rêveur, différent, il s’inspire du tarot de Marseille, tant esthétiquement que pour sa faculté en seulement 22 "lettre-images" à exprimer une fabuleuse diversité d’états d’esprit.

Teknivals et moyen-âge

Olivsteen aime la magie, fréquente les Teknivals et plonge avec bonheur dans l’imagerie du Moyen-Age et sa luxuriance de symboles. D’ailleurs, il croit fermement que les images sont des clés qui s’adressent directement à l’inconscient.

Science et comics

Mais au firmament des influences d’Olivsteen, préludes à ses paysages oniriques peuplé de végétaux luxuriants, presques naïfs, à ses portraits et ses scènes saisis sur le vif, emplis de sensibilité, la science et les comics ont également droit de cité. Il a d’ailleurs participé activement à la création des fanzines Le Goinfre et Turkey Comix et vend aujourd’hui encore ses "poésies murales" à la Halle Saint-Pierre, à Paris.

Polaroïds façon Gutenberg

Habité d’une douce mélancolie, inspiré et même marqué par les atmosphères grises, rouge brique et surréalistes d’une Belgique qu’il voit comme un pays rêvé, Olivsteen crée des images qui procèdent d’une démarche sophrologique : elles lui permettent de rendre visible les affres et enthousiasmes de son for intérieur. Amateur du petit format pour limiter la distance entre l’intention – fragile – et la réalisation, Olivsteen mérite que l’on découvre ses "Polaroïd façon Gutenberg".

Léonor de Bailliencourt - Mai 2009
Du 2 au 21 juin 2009.
Librairie Le Merle Moqueur, 51 rue de Bagnolet, Paris 20e.
Ouvert du lundi au samedi de 10h à 20h et le dimanche de 10h à 19h.