Winshluss, un monde merveilleux

Winshluss détourne l’univers qui le faisait rêver enfant.

Dessinateur de BD, sculpteur, musicien et réalisateur, Winshluss , alias Vincent Paronnaud, a plus d’une corde à son arc. Né en 1970 à La Rochelle, il s’est fait connaître entre autres par ses BDs et ses films d’animation. Sa BD Pinocchio (2008, les Requins Marteaux), une version contemporaine et cruelle de ce classique de l’enfance, lui  a valu le Fauve d’or, Prix du meilleur Album au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2009. Les Césars du meilleur premier film et de la meilleure adaptation (2008) et le Prix Spécial du Jury du festival de Cannes  (2007) sont venus couronner le long métrage  Persépolis, réalisé d’après et avec Marjane Satrapi.

Certes, le film live Poulet aux prunes (2011), lui-aussi d’après et coréalisé avec Marjane Satrapi, n’a pas rencontré le même succès. Mais il en faudra plus pour décourager Winshluss qui assure être guidé par ses envies plus que par un souci de carrière. On le croit volontiers, tant son regard grinçant voire désabusé sur notre monde se situe en-dehors des codes de notre société de consommation, même si son style graphique peut le rattacher à des icônes comme Takashi Murakami pour les personnages de son exposition, ou encore Crumb pour sa prochaine BD In God we trust (à paraître en novembre 2013 aux Requins Marteaux), une interprétation déjantée de la Bible. Comme eux, il propose plusieurs niveaux de lecture dans ses oeuvres: « Il y a deux aspects dans mon travail : des choses absurdes comme des blagues de comptoir et des choses plus grinçantes. »

Pour l’exposition "Un monde merveilleux", dans la Galerie des jouets au musée des Arts Décoratifs de Paris jusqu’au 10 novembre 2013, Winshluss présente, en plus de ses dessins et sculptures, cinq dioramas originaux, avec des personnages et univers liés aux contes, aux animaux, à la guerre et à la société de consommation.

« Tout mon travail est connecté à l’enfance ou du moins à la culture populaire, explique Winshluss. Je puise donc dans la strate la plus profonde de mon existence : mon enfance. » Un regard d’enfant, donc, mais d’enfant qui riposte par le ricanement à la violence de la société qui l’entoure.

Paul Schmitt, septembre 2013