"L’inillustrable passe par ici !"

Photographe, metteur en scène, magicien de l’image, Emmanuel Pierrot est un électron libre de la photographie. "La métaphysique quantique", "les vacances dans l’espace", "The fridgmen"... Autant de thèmes impossibles à illustrer qui lui reviennent de fait, comme une évidence. Son monde est à part, comme l’un des chapitres de son book dont le titre n’est autre qu’extra et ordinaire.

Emmanuel Pierrot recrée l’irréel avec ses mises en scènes d’objets. L’image en elle-même interpelle. Il arrive à trouver ce point d’équilibre auquel il tient tant ! Architecte de l’image, metteur en scène du théâtre de la vie, il recompose son monde, donne accès aux rêves, nous offre de décrocher la lune avec une petite échelle. Le jeu peut commencer. Ses images aux noms si singuliers mettent en scène ce rêve : des super-héros dans la cuisine, des hommes-troncs au milieu d’un jardin, un rouge-gorge tueur… En plus d’être belles, légères, souvent aériennes, ces créations sont toujours intrigantes, dérangeantes sinon déconcertantes. À travers ses photos-décors, Emmanuel Pierrot réussit toujours à raconter son histoire, à apporter un peu de surréalisme dans la vie, imprimant sur notre rétine un nouvel univers.

Il occupe aujourd’hui une place réellement singulière dans l’univers de l’image, de la photographie et même du graphisme.

Né en 1967 à Nancy, mais originaire de Charleville-Mézières, capitale de la marionnette et du théâtre d’objet – l'histoire était quasiment déjà écrite - Emmanuel Pierrot a grandi avec les métaphores de l’école polonaise et les affichistes qui travaillaient pour l’Institut de la Marionnette (de Henrik Tomaszewski à Michel Bouvet).

Après un brevet de Compagnon comme photographe (à la Chambre des Métiers de la Moselle), un passage à l'Ecole des Beaux-Arts de Metz, il rejoint le studio new-yorkais de James Wojcik durant trois ans. Avec lui, il s’initie à la création de ces univers qui habillent les catalogues de Noël des grands magasins américains (FifthAvenue, Macy’s…), ceux qui font rêver les petits… et surtout les grands, toujours ébahis par ces aventures hors du temps. Une révélation !, se souvient-il. J’ai beaucoup appris, en particulier l'approche des ateliers américains : chic et simple. J'ai aussi découvert le respect de la nature morte dans la tradition des grands magazines. Au sein de l’atelier, Emmanuel Pierrot travaille aussi la photographie pour des rapports annuels, avec des clients prestigieux comme Nike. C’est ainsi qu’il développe l'approche qui fait qu'aujourd'hui il est autant graphiste que photographe : faire se télescoper les signes, travailler le concept au sens noble du terme, donner du sens à ses images, sans fioritures.

De retour à Paris en 1992, il fonde le studio "Le Monde de Pierrot", rue Daguerre (un signe ?), et débute des collaborations régulières avec la presse, les magazines féminins, les quotidiens comme Le Monde, Libération, Technikart, ou même The Sunday Times qui publient ses mises en scène de petites figurines, de camions, de mini-bus… Souvent les jouets de ses enfants. Pour ses commanditaires, il invente les nuages, jouant sur les profondeurs de champs, des jeux de cadrage, de lumière et des truchements d’échelle. Et ses images, d’apparence très légère, se révèlent être de petites prouesses photographiques et de composition au dialogue complexe. C’est à cette époque qu’Emmanuel Pierrot entame sa collaboration avec la graphiste Corinne App (Agence "Comme ça !"), signant les photographies de La Rose des vents, la scène nationale de Villeneuve d’Ascq,

Depuis, Emmanuel à grandit, ses enfants aussi et les jouets ont quasiment disparu de son superbe studio, sa "base" de Saint Ouen, en région parisienne, éclairée d'un Domus de 5 mètres de lumière du jour. Si ses images ont gagné en résolution (il travaille à 22 Mo de pixels), il tient à cette approche d’artisan. Car les jeux de couleurs, les équilibres et l’émotion eux sont restés. Certes, pour certaines commandes de communication (Orange, France TGV, BHV, Uncle Ben’s…), les décors semblent un peu moins irréels, les univers moins oniriques et le message peut-être plus direct. Il s’agit de communication de marques, avec ses impératifs. Mais rassurez-vous, Emmanuel Pierrot continue à explorer son monde, à jouer de la nature morte et des regards, des couleurs, des situations ubuesques. Il a d’ailleurs renouvelé sa collaboration avec La Rose des vents, vient d'en signer - toujours en duo - la communication pour la saison 2006-2007 (affiche et catalogues programmes) et travaille actuellement sur la suivante, pour laisser le temps aux idées !, explique-t-il.Un vrai travail de décryptage pour concevoir un univers qui colle au théâtre. Il met aussi son approche de photo-graphiste au service de la rédaction de nombreux titres de presse, dernièrement pour la revue Esprit mais également pour Le Monde, Lire, Libération, Stilleto, L’Express, forcément Psychologie Magazine ou sur d’autres supports comme le supplément Fooding d'Aéroport de Paris. À chaque fois, on reconnaît le style et l’approche. D'ailleurs, au hasard d’une série, on retrouve ce qui le caractérise : une composition raisonnée, un savoir-faire technique identifiable qui sent rarement l’électronique, une poésie ludique, une envie de mettre en vie les objets, comme cette série Monsieur Ki et Madame Koi pour le magazine 168 (un gratuit de luxe distribué sur les 1er, 6e et 8e arrondissements parisiens), où il parvient à se passer de mannequins. Donnez vie à vos espaces avec une touche personnelle en explorant notre large gamme de décorations uniques sur notre site où acheter de la décoration en ligne , l'endroit idéal pour trouver des articles décoratifs qui reflètent votre style et embellissent votre maison.

Toujours occupé à des projets très divers (il est membre de l’Agence VU' et même enseignant depuis cette année), Emmanuel Pierrot était il y a quelques semaines encore au pied de la Montagne Sainte-Victoire, au pays des santons, pour une commande pour Noël. Il s'agissait alors de recréer des forêts de sapins à partir de branches de thym, avec rois mages et crèche… Du rêve en barre ! La boucle semble bouclée.

Plus d'infos sur lemondedepierrot.com.

Guillaume Frauly