Surréalisme, photographie, film

Les Surréalistes et leur production photographique investissent le Centre Pompidou ! Magritte, Man Ray, Max Ernst, Dora Maar et les autres reviennent bardés de leur humour, de leur immense talent et de cette inventivité qui leur fit réinventer totalement l'écriture artistique du XXe siècle. L'exposition à ne surtout pas manquer !

Neuf salles et un oeil

Conçue par Laurence Fontaine, la scénographe, sous la forme d'un oeil, l'exposition s'étire sur neuf salles richements dotées.

D'emblée le visiteur se trouve projeté en plein univers surréaliste, face à une toile de Miró, chef-d'oeuvre génial et totalement invraisemblable intitulé "Ceci est la couleur de mes rêves".

La première salle est consacrée aux portraits des artistes emblématiques du mouvement Surréaliste. On y retrouve Picasso, Dora Maar, Man Ray, Raoul Dubac, Hans Bellmer, René Magritte ou Claude Cahun sur des photographies collectives et drôles. Photo-montages, collages et autre Photomaton qui témoigne de la notion essentielle d'action collective.

La seconde salle est consacrée au "théâtre sans raison", celui des mises en scène absurdes, érotiques ou parodiques et d'un dialogue amusé avec le spectateur.

L'importance du fortuit

Vient ensuite la pièce dédiée au fortuit. Un élément majeur dans l'esprit Surréaliste, qu'expliquent les commissaires de l'exposition Quentin Bajac et Clément Chéroux. "Dans l'esprit des Surréalistes, la rencontre forfuite, c'est le face à face inattendu avec quelque chose de bizarre, de sale, d'absurde. Tout à fait dans l'esprit des clichés du photographe Eugène Atget qui a été redécouvert par les Surréalistes qui l'ont considéré comme un modèle - notamment par Henri Cartier-Bresson."

Dans la quatrième salle, photomontages et photocollages se donnent la réplique. Objectif des Surréalistes : voir le multiple en un seul coup d'oeil, le collage-montage étant ici présenté comme une activité de déconstruction du réel.

Salle 5, c'est le "modèle intérieur" qui plonge le visiteur au coeur de l'inconscient des artistes exposés. Dora Maar, notamment, fascine par ses créations photographiques inquiétantes et particulièrement oniriques.

L'espace suivant se consacre à la "Pulsion scopique" qui ouvre au visiteur l'univers de Georges Bataille mais également celui d'André Breton, de l'Histoire de l'oeil au désir de voir, du scientifique au pornographe.

Ecriture automatique et corps distordus

Dans la salle 7, c'est une notion centrale du mouvement Surréaliste qui est abordée : l'Ecriture automatique. Une idée-force qui s'incarne aussi en photographie avec les accidents chimiques, les alliances fortuites, les effets de montage, l'instantanéité, etc. L'idée étant le renouvellement de l'inspiration par une mobilisation de la surprise.

L'avant-dernière salle traite de l'anatomie de l'image. C'est la façon dont le corps humain devient pour ces photographes particuliers le laboratoire de cette "beauté convulsive" chère à André Breton.

Les Surréalistes faisaient de la publicité !

Enfin, le dernier espace témoigne de l'ingéniosité des Surréalistes qui ont su infiltrer l'inconscient collectif en popularisant leur esthétique via la publicité et la presse. C'est ce qu'expliquent les commissaires de l'exposition : "On a souvent l'idée qu'à son époque le Surréalisme était un tout petit mouvement. Mais en réalité dès les années 1920, les Surréalistes ont promu leur courant via la publicité. Ainsi Magritte, Dali, Dora Maar mais aussi Man Ray ont fait de la publicité. Tout cela a pénétré l'inconscient collectif." Et en effet, comment ne pas s'étonner de la pub pour le shampooing Pétrole Hahn signée Dora Maar ou de réaliser que le célèbre visage aux larmes de perles de Man Ray a été réalisé à l'origine pour promouvoir un mascara !

Notez qu'après le Centre Pompidou, La Subversion des Images sera présentée au Fotomuseum de Winterthur (du 26 février au 23 mai 2010) puis à l'Institut de Cultura/Fundación Mapfre à Madrid (du 16 juin au 12 septembre 2010).

Léonor de Bailliencourt - Septembre 2009
Jusqu'au 11 janvier 2010.
Centre Pompidou, Paris 4e.
Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 11h à 21h.