Los Angeles et Chicago

Deux villes mythiques, deux expositions photos pour mieux les confronter.

Deux expositions simultanées, John Humble à la galerie Stieglitz 19 à Anvers  et  un best-of de photographies de Chicago à la fondation Mona Bismarck à Paris, nous convient à un voyage, à un survol photographique de deux des cités américaines les plus antithétiques, et pourtant si complémentaires : Los Angeles et Chicago.
La cité des anges face à la ville du vent (the Windy City, surnom de Chicago), ou encore le Midwest travailleur et industriel contre la Californie superficielle et hédoniste. Le contraste existe, les photos l’exacerbent. Faut-il pour autant acquiescer ?

Les paysages de Los Angeles de John Humble à la galerie Stieglitz 19

John Humble arpente les rues de Los Angeles depuis les années 70, explorant les ironies et paradoxes de ses quartiers. Ses photographies sont devenues célèbres et figurent dans les meilleures collections, du J. Paul Getty Museum à la Library of Congress. La galerie de photographie contemporaine Stieglitz 19 le met à l’honneur jusqu’au 10 octobre 2010.
Le Los Angeles de John Humble est immobile, le plus souvent écrasé de soleil : John Humble aime photographier en fin d’après-midi, quand la lumière est crue, les ombres renforcées et les hommes largement absents. Immeubles et maisons en perdent toute réalité, tout devient décor, un paysage façonné par l’homme où la nature brille par son inexistence. D’une grande beauté plastique, ces photos dépassent l’apparente banalité de leur sujet pour mieux nous interpeler, sans jamais donner de réponse.

Made in Chicago, Mona Bismarck Foundation
Pied-à-terre parisien de feu la comtesse Mona Bismarck et maintenant de la Mona Bismarck Foundation, l’hôtel particulier abrite jusqu’au 6 novembre 2010 Made in Chicago, ensemble de 90 photos du 20ème siècle consacrées à Chicago et issues de la collection privée de la Bank of America. Photos de maîtres, en noir et blanc pour la plupart, elles font contrepoint à celles de John Humble car elles mettent l’accent sur une ville réelle, tangible, sur ses habitants et leur diversité. Une humanité qui vit, bouge et attire notre sympathie.

Contraste ou faux-semblant ? Si Chicago est le cœur de l’Amérique, Los Angeles est son aboutissement, là où le rêve américain s’arrête au bord de l’océan et semble se figer. Mais comme toujours en photographie, la vérité est dans le regard, celui du photographe et puis celui du spectateur.

Paul Schmitt, octobre 2010