Nocturnes ou les garçons perdus

La galerie Magda Danysz expose les photographies sensibles et inquiétantes de Mireille Loup. Avec Noctunes ou les garçons perdus, l'artiste embarque les spectateurs dans son univers onirique.

Photographe, vidéaste, écrivain, et comédienne, Mireille Loup est née en 1969 à Lausanne (Suisse). Elle vit désormais en Arles (Bouches du Rhône).

Fidèle à son esprit narratif, Mireille Loup expose jusqu'au 6 décembre l'itinéraire onirique et inquiétant de deux frères perdus, la nuit. Parcourant paysages et atmosphères différents, un "Pays de Nulle Part" qui s'inscrit d'un bout à l'autre de l'Europe, ces deux enfants pieds nus, en pyjama, avec leur nounours ouvrent les portes d'un roman triste et contemporain.

Nocturnes s'inscrit dans la suite logique de la précédentes série de Mireille Loup, Esquives.

Un espace visuel narratif qu'analyse finement le grand critique d'art Paul Ardenne. "La vie comprise comme cet "encombrement" que suggère la prose du philosophe : en substance, telle est la nourriture de l'œuvre de Mireille Loup. Recourant volontiers à la photographie narrative, familière de l'écriture de textes de type essai ou roman, l'art de Loup n'a en effet de cesse de puiser dans la vie comme elle vient, mixte compliqué de réalité plus ou moins maîtrisable, de projets et de contrariétés."

Pour réaliser ces photomontages, Mireille Loup s'est inspirée de l'œuvre de James Matthew Barrie, Peter Pan. Dans ce conte, les garçons perdus sont des enfants tombés de leur berceau. Si au bout de sept jours ils ne sont pas réclamés par leurs mères, ils atterrissent au "Pays de Nulle Part". Pas de Capitaine Crochet cependant, ni de crocodile dans cette série photographique. Plutôt que de faire une illustration du conte, Mireille Loup a préféré reprendre les sources d'inspiration premières de l'écrivain : le décès accidentel et traumatisant d'un frère âgé de treize ans alors que James était petit garçon et qui a rendu sa mère inconsolable. Pour plaire à celle-ci, pour se faire aimer d'elle, James portait les vêtements de son frère aîné. Et dans sa douleur, sa mère croyait reconnaître le défunt plutôt que James. Celui-ci enviait à regret cet aîné qui n'aura jamais grandit et qui obtint plus de reconnaissance de sa mère par son absence que James par sa présence. Ainsi est né Peter Pan, un mélange entre James lui-même et ce frère perdu, un enfant qui refuse de grandir et qui fut d'abord un garçon oublié par sa mère, "elle referma la fenêtre sur lui".

Pour tout savoir sur Mireille Loup : http://www.mireilleloup.com/

Léonor de Bailliencourt - Novembre 2008
Jusqu'au 6 décembre 2008.
Galerie Magda Danysz, 78 rue Amelot, Paris 11e.
Ouvert du mardi au vendredi de 11h à 19h et le samedi de 14h à 19h.