Ray K. Metzker

Espion bienveillant des villes de Chicago et Philadelphie, explorateur de paysages intemporels, Ray K. Metzker livre la majeure partie de son oeuvre photographique des années 1950 à nos jours, au Musée de L'Elysée de Lausanne. Cette personnalité, méconnue de l'histoire de l'art, aborde la photographie tel un jeu, l'étape de la chambre noire comme un cérémonial. Découverte.

 

Expérimentations du regard

Né en 1931 dans le Wisconsin, Ray K. Metzker s'intéresse à la prise de vue à l'occasion de son passage à l'Institute of Design de Chicago, dans les années 1950. Parcourant les rues, il capte les passants pressés, les subtils jeux d'ombres qu'offre la ville, toujours en noir et blanc et en usant de la technique argentique. Metzker commence alors à passer plus de temps dans sa chambre noire, tentant divers procédés artistiques : composition, photomontage, négatifs superposés ou multipliés, solarisation (Blind Sided ). Méconnu en Europe, il constitue une référence photographique outre-atlantique, la première rétrospective lui étant dédiée datant de 1967, au MOMA. Cet américain déploie ainsi ses expérimentations, plus technicien que plasticien, tout en gardant toujours en tête qu'un tirage est fait pour être vu, exposé enfin. Sa conception, rare pour l'époque, va à l'encontre de l'essor du photoreportage et de l'utilisation de la couleur qui commence à se démocratiser. Solitaire et perfectionniste, il laisse la possibilité au réel d'interagir avec l'image qu'il possède cependant déjà à l'esprit.

 

Voyages et musique

Après la dissection visuelle de Chicago, Metzker s'attaque à Philadelphie, livrant des compositions aux motifs surprenants, aux silhouettes humaines proche de l'abstraction et une pénombre ambiante digne des meilleurs polars (City Whispers: New York, 1982 ). Accompagné dans la chambre noire par des sons de percussions, Ray K. Metzker se laisse habiter par les rythmes et cadences pour les insuffler à ses oeuvres. En effet, amateur de musique, il s'appuie sur ses propres sensations pour appliquer un effet à ses négatifs. Mais la lumière commence à se faire trop rare, le photographe part découvrir le Nouveau Mexique, où il enseignera en 1970, puis la Grèce et l'Italie. Ces pays génèrent en lui une nouvelle approche de la prise de vue et plus particulièrement de la lumière dés 1980. Le noir se fait moins récurrent, les contrastes plus atténués (Dordogne, France, 1989 ). Sa passion de la musique suit aussi cette nouvelle orientation artistique, Metzker se tournant cette fois vers le classique et les symphonies. " Metzker transmet de véritables sensations par le biais de l'architecture et des sujets. La musique y est d'ailleurs en cela pour beaucoup, " précise Nathalie Herschdorfer, conservatrice du Musée de l'Elysée.

Si l'oeuvre de Metzker mélange les techniques et les sujets photographiés, elle est aussi initiatique dans son mode de diffusion. Reproduite dans la presse de l'époque pour la plupart de ses contemporains, la photographie est, selon Metzker, d'abord à voir et à ressentir.

 

Agathe Hoffmann - Novembre 2007.

Jusqu'au 6 janvier 2008.
Ray K. Metzker - Retrospective
Musée de l’Elysée
18, avenue de l’Elysée, 1014 Lausanne, Suisse.
Ouvert du mardi au dimanche, de 11h à 18h.
Fermé le lundi, sauf les jours fériés.