Colorful de Keiichi Hara

Cette histoire de rédemption à l'esthétique très réaliste a été primée au festival d'Annecy 2011.

Aussi bien l’oeuvre Colorful que le réalisateur Keiichi Hara sont des références au Japon. Après une série de films avec pour  héros Crayon Shin-chan, un garnement version japonaise, Keiichi Hara a atteint la notoriété internationale avec  Un Été avec Coo (2007), son projet le plus personnel, sorti  en 2008 au cinéma en France. Avec Colorful, il adapte en film d’animation un best-seller  (1998) d’Eto Mori  qui raconte l’expérience d’une âme réincarnée dans le corps d’un adolescent suicidaire pour expier ses fautes. A l’opposé d’un blockbuster américain, Keiichi Hara raconte dans un style très réaliste une histoire mélancolique qui est aussi une leçon de vie: « Notre vie quotidienne est lente et ennuyeuse, mais parfois elle prend un sens qu’on n’attendait pas et cela aide énormément à vivre; c’est ce que je veux faire ressentir au public. ». Message reçu, à preuve le Prix du public et une mention spéciale du jury remportés par Colorful au festival d’Annecy 2011. De passage à Paris pour la récente avant-première de Colorful, Keiichi Hara en a profité (une fois n’est pas coutume pour un réalisateur japonais) pour répondre aux questions des spectateurs présents.

La réalisation de Colorful
« Le patron du studio Sunrise m’a proposé de réaliser ce film et  m’a laissé le faire avec mon équipe créative habituelle, pas celle du studio. J’ai écrit le storyboard et changé quelques éléments du livre. Pura-pura , le guide céleste du héros Makoto, est un ange dans le livre, comme un adulte mais avec des ailes, alors que je l’ai dépeint comme un enfant. J’ai aussi rajouté cette scène où Makoto et son ami  Saotome cherchent les traces d’un tramway disparu ; cela donne une séquence légère, peut-être ma préférée dans ce film. Colorful est fait essentiellement en 2D, avec certains décors en fausse 3D. Seuls certains effets, comme le mouvement du tramway ou les fluides, utilisent des logiciels 3D pour un résultat plus réaliste. J’ai aussi positionné les morceaux de musique et leur ambiance, en étant économe de musique comme dans les vieux films japonais. »

L’esthétique de Colorful
Finesse et réalisme sont les maîtres mots pour les décors : « Les détails des décors sont très importants pour donner une sensation de vécu. Les jeux de lumière et l’ambiance au sein de la famille de Makoto sont les éléments sur lesquels Keiichi Hara a été  le plus exigeant. » (Takashi Nakamura, Directeur artistique)
Un souci du réalisme que confirme le Character designer et Concepteur des décors Atsushi Yamagata, vétéran du studio Ghibli et de films de Hayao Miyazaki (le Voyage de Chihiro, Arrietty, les Contes de Terremer, etc.) : « Pendant la production de la première partie du film, j’ai bien ressenti auprès de l’équipe la difficulté liée à l’endurance que demande le travail sur l’expression des personnages. J’ai même pensé qu’à ce niveau, il n’y avait pas de différences avec les oeuvres de Hayao Miyazaki. »

Et pour la suite…
« Comme mes 3 précédents films, Colorful est très ancré dans la société japonaise. Je voudrais que mon prochain film soit joyeux, pour contrer l’ambiance lourde au Japon suite à la catastrophe de mars de cette année. »

Un programme qu’on ne peut que soutenir…

Paul Schmitt, novembre 2011