Loulou l'incroyable secret

Le premier grand film de cinéma du héros de Grégoire Solotareff.

25 ans déjà que l’illustrateur Grégoire Solotareff a créé son personnage de Loulou, petit loup vivant en paix au pays des lapins (Loulou, Ecole des Loisirs, 1989). « En 24 heures chrono et d'un tendre trait de crayon » assure-t-il. Et le succès a suivi, avec 640 000 exemplaires vendus à ce jour en France, sans compter les traductions en 12 langues. Pourtant, Grégoire Solotareff ne s’est pas pressé de donner une suite à ce premier album, préférant consacrer son trait à d’autres histoires et personnages. Grégoire Solotareff ne retrouve Loulou que 21 ans après le premier album, en 2010 avec Loulou plus fort que le loup où notre héros rencontre plus grand méchant que lui. Et en 2011 dans Loulou à l'école des loups, où l'enseignement carnivore met en péril son dodu Tom.

Entretemps, il y a tout de même eu la rencontre avec Christophe Jankovic et Valérie Schermann. Et c’est Loulou et autres loups qui sert de baptême du feu en 2003 au jeune studio Prima Linea Productions fondé par le duo de producteurs. Ce film d’animation, composé d’un moyen métrage (26’) sur Loulou et de 4 autres courts métrages,  réédite en 2003 l'exploit du livre : 600 000 spectateurs en France, et des prix à plusieurs festivals. « On a essuyé des critiques pour avoir utilisé la technique Flash sur les quatre courts accompagnant celui de Loulou, mais on a réussi à finaliser le film en un an, ce qui serait impossible aujourd'hui ! » sourit Christophe Jankovic. Le trio a poursuivi avec U (2006), histoire d’une jeune licorne, réalisé tout comme Loulou par Serge Elissalde.

Loulou, le retour

Et puis Grégoire Solotareff s’est décidé pour un second Loulou, en ayant l’idée de faire grandir les personnages. Un défi artistique qu'il se fixe, une occasion de reprendre le design du film à zéro : Loulou évolue graphiquement, est devenu mince tout comme Tom. Et les 2 adolescents vont partir pour une quête initiatique où Loulou découvrira le secret de ses origines et devra choisir entre devenir un carnassier ou rester ami avec Tom et ses semblables. Et au passage les deux amis découvriront le charme féminin à travers la renarde Scarlett…

Le scénario s’écrit en 3 ans tout de même, avec Jean-Luc Fromental en renfort. De son côté, Prima Linea réunit sans trop de peine un budget de 7 millions d’euros,  et Eric Omond, auteur de BD et scénariste, rejoint le projet pour sa première réalisation de film d’animation.

« L'étape cruciale est celle du pré-développement, détaille Christophe Jankovic, où l'on dispose d'un scénario bien avancé et de l'univers graphique de l'auteur. Grégoire avait une masse de dessins évoquant l'ambiance et les personnages. Une équipe réduite de développement, à la fois polyvalente et spécialiste en animation et en décors, et en l’occurrence construite autour d'Éric Omond, a travaillé pendant un an avec Grégoire pour peaufiner les personnages et caractériser le visuel. La 2D était pour nous une évidence. A ce stade, on a opté pour un travail des décors sur papier – les lavis – et une animation sans papier, réalisée sur tablettes graphiques Cintiq de Wacom avec le logiciel français TVPaint.  Les animateurs s’y sont très vite adaptés, le geste est le même que sur une feuille de papier. Au bout d'un an, on a abouti au storyboard en lien étroit avec l'animatique. »

Animation, décors, mise en couleurs
Après l’enregistrement des voix au studio Piste Rouge à Angoulême et Paris, une équipe d’une quinzaine d’animateurs basés à Angoulême produit les poses clés pour l’animation définitive. Nettoyage des poses,  corrections  et mise en couleurs de base sont également faits à Angoulême. Le reste, essentiellement les intervalles entre poses clés, sont sous traités en Hongrie et Chine.

Les décors sont donc faits au lavis, du plus clair au plus sombre. La première passe définit masses et texture ; la seconde passe au lavis est pour le layout. Une troisième passe éventuelle affine lumières et ombres. Les lavis sont ensuite scannés, et les pixels noir ou gris colorisés dans Photoshop. Pas de textures rapportées ici, tout a été dessiné pour un rendu particulier.

La mise en couleurs définitive est assurée par le même studio que pour Ernest et Célestine (2012) : Digital Graphic à Liège, qui a développé un logiciel et un savoir-faire spécifiques, avec une équipe d’une demi-douzaine de painters. Belle Vision, coproducteur belge (groupe Dupuis) prend en charge le compositing avec le logiciel Fusion.

Pour leur « première vraie comédie », l’équipe de Loulou l’incroyable secret espère surtout avoir réalisé un « beau film ». Un film qui convoque l’imaginaire pour mieux faire passer des thèmes compliqués, des vérités délicates chères à Grégoire Solotareff et à Prima Linea.

Paul Schmitt, décembre 2013
 

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